• Abécédaire littéraire

    Je me suis rendu compte récemment que je n'avais jamais vraiment parlé de littérature, alors que pourtant combien d'amours y ai-je. Cartographie alphabétique et non-exhaustive, donc, de ces écrivains, écrivaines et livres qui ont traversé ma vie (et y sont, pour la plupart, restés).

     Articles classés par ordre alphabétique.

  •  [Article inaugural de la rubrique Abécédaire littéraire]

     A pour Anouilh, Antigone

     J'ai lu Antigone alors que j'avais 13 ou 14 ans. Nous étions en cours de français, et la professeure nous avait distribué les livres pour que nous travaillions sur un extrait, parce qu'elle n'avait pas eu le temps de faire des photocopies. J'avais rapidement lâché l'exercice des questions de texte pour lire la pièce en entier, sans trop me soucier du reste du cours, rien que pour les tirades d'Antigone et de Créon.

     Il a fallu que je relise la pièce à 16 ans pour comprendre que si elle m'avait autant marquée, ce n'était pas un hasard, mais tout simplement parce qu'elle est aussi forte que magnifique (et je parle ici aussi bien d'Antigone que d'Antigone). Ce fut là, je crois, mon premier indice au sujet de la beauté de la littérature – le premier indice que si depuis toujours j'avais aimé la littérature, ce n'était pas simplement parce que j'aimais lire, mais c'était aussi et surtout parce qu'il y avait quelque chose dans la littérature, quelque chose qui était au-delà du plaisir et qui valait la peine qu'on s'en souvienne, même longtemps après avoir refermé le livre. (Depuis, chaque fois qu'on m'a demandé des conseils de lecture, en littérature ou en philosophie, toujours j'ai dit que s'il fallait commencer quelque part, c'était par Antigone d'Anouilh.)

     Antigone est une pièce à lire, absolument. Le prologue le plus touchant de la littérature théâtrale – un jour, c'est promis, je le connaîtrai par cœur. Antigone me fascine et me séduit ; mon premier amour me faisait un peu penser à Antigone par ailleurs.

     

     A pour Anouilh

     Dans Médée, certaines tirades de Médée sur l'amour ont fait profondément écho en moi, il y a quelques années : j'y tiens là la preuve qu'Antigone n'est pas une exception et qu'Anouilh est un brillant dramaturge, dont je lirai volontiers d'autres pièces, un jour (bien que j'aie peur de quitter le domaine mythologique avec lui).

     Sans avoir vu de photo de lui, je m'imagine un homme chétif, humble et sage – Anouilh, le dramaturge qui n'a jamais eu de Prix Nobel, ce n'était pourtant pas faute d'avoir été dans les listes des jurys, mais parce qu'il y avait Sartre à couronner aussi (Sartre qui a refusé le Prix Nobel, Anouilh n'aurait jamais eu l'audace), et qu'après il fallait rendre hommage à des écrivains d'autres langues.


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