• Des nouvelles

     Quand je l'ai annoncé aux gens, tout le monde l'a pris à sa façon.

     M, qui a été le premier à qui je l'ai dit (parce qu'on avait passé trois jours ensemble juste avant que je me doute qu'il y avait un truc, et que je savais qu'il aurait voulu le savoir le plus tôt possible), m'a répondu : Un plaisir de lire ça au réveil ! et c'était sa façon de dire qu'il ne m'en voulait pas trop.

     A (à qui je l'ai dit juste après parce que j'avais envie d'en parler à quelqu'un et que c'était le seul en ligne avec D à cette heure-ci de la nuit) m'a demandé si je l'avais vu venir, et ce que j'allais faire. Puis il m'a dit Ok parce qu'il n'avait rien d'autre à ajouter.

     D je ne lui ai rien dit du coup, parce qu'il n'était pas concerné et puis parce qu'il venait de me dire qu'il s'inquiétait pour moi, et que ce n'était vraiment pas le moment d'en rajouter une couche. Quatre ans auparavant je lui avais raconté peu ou prou la même histoire, et il ne l'avait pas très bien pris. (Il m'avait quand même dit : même dans tes plus grands moments de faiblesse, tu parviens à rester séduisante, et la pensée que quatre ans plus tard je puisse rester séduisante malgré la faiblesse me consolait un peu.)

     V ça a été un peu dur de lui dire, parce qu'il avait pris soin de moi quand ça n'allait pas, alors même qu'il savait combien ça risquait de lui coûter, et ça me faisait mal au cœur de lui niquer sa journée. Mais il m'a répondu que le plus important c'était que j'aille bien, et puis il m'a dit que j'avais oublié mon Tupperware chez lui.

     I et E je leur ai dit un peu en même temps, avec quasiment la même blague. I m'a répondu avec un message choupi en me disant que j'avais fait de mon mieux, et E m'a dit : D'accord, merci de m'avoir prévenue.

     F m'a demandé où est-ce que j'étais, et G m'a dit Profites-en pour rester chez V et passer du temps avec lui, alors j'ai dû lui répondre que ce n'était pas vraiment envisageable, à mon grand dam.

     L ça a été encore plus dur que V de lui dire, parce qu'elle venait de recevoir une nouvelle bien pire que ça, et que ça me désolait de devoir lui dire ça par-dessus. Elle n'a pas dit grand-chose, ce qui je crois était sa façon de faire face à l'adversité. Plus tard elle m'a appelée ma douce, et je me suis dit qu'à défaut d'aller bien, elle ne devait pas trop m'en vouloir.

     Ma cousine m'a dit qu'elle avait un resto chinois prévu dans la semaine, et que j'étais la honte de la famille, avec un smiley qui sourit et qui pleure à la fois. J'ai ri, vite-fait.

     W m'a envoyé un message audio de 4 minutes, qui commençait par : That is very unfortunate indeed, ou quelque chose comme ça. J'ai pensé à H, qui aurait bien rigolé en entendant ça.

     H n'a pas décroché quand je l'ai appelé, alors qu'il est pourtant toujours réveillé à 3h du matin, donc je lui ai dit par message aussi. Le lendemain, il m'a dit : Tu es où là ? Bonjour. Tu m'inquiètes. et c'était visiblement vraiment dans cet ordre qu'il avait écrit ses messages.

     B m'a dit : Je savais qu'il y avait un truc, aussi. Rien d'autre n'aurait pu t'empêcher de venir en cours ! et c'était assez vrai.

     S m'a envoyé un gif d'un chaton qui a l'air horrifié.

     Ma meilleure amie a répondu avec des messages en majuscules pleins de mots que je ne peux pas répéter ici, mais qui voulaient dire que la vie était une chienne.

     Sur le groupe familial on a parlé d'isolement et tout le reste, et ça m'a fait plaisir que tout le monde se montre un peu responsable.

     Mon frère que j'avais vu deux jours avant était visiblement trop tête en l'air pour se sentir concerné. Mon grand-père qui galère avec son portable m'a envoyé deux SMS pleins d'amour, quand même. Ma maman m'a dit : Tu veux que je t'apporte du jus d'orange ?

     Ma tante m'a appelée exprès pour savoir comment est-ce que je pensais que ça m'était arrivé.

     P m'a regardée avec ses grands yeux noirs et il m'a demandé si ça allait. Je lui ai dit que oui, et il ne s'est pas posé plus de questions que ça.

     Je l'ai dit aussi à une inconnue que j'aidais pour ses devoirs sur Internet, je ne sais pas trop pourquoi. Elle m'a demandé trois fois si je préférais qu'elle me laisse me reposer, mais je lui ai dit que non, que ça allait. Que vas-y, on irait jusqu'au bout de tes exercices, là.

     

     Finalement je n'ai contaminé personne, et puis mes symptômes ont duré deux jours seulement. Bref, c'était bien la peine.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Février 2022 à 20:20

    Haha tu m'as fait beaucoup rire cette fois-ci ! Je suis passée par les "elle a appris une maladie grave ?" "elle est enceinte ?" "est change de pays ?" "elle fait une retraite de plusieurs années ?" pour finalement juste avoir le/la covid ;)

    2
    Mercredi 2 Février 2022 à 15:15

    Finalement, tous ces bombardements d'attention valent bien un petit 38,5 

    Finalement, en ce qui me concerne, le covid c'est un peu comme mon augmentation, on m'en parle beaucoup, on me le promet tous les jours, mais je n'en vois pas la couleur.

    Bonne soirée. 

    3
    Mercredi 13 Avril 2022 à 18:48

    Haha, happy. Très drôle :) C'est bien pensé!

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