• La dialectique de l'évolution

     Quand j'étais petite, j'adorais le toboggan (bon, comme tout le monde, hein). Une fois, alors que j'étais encore petite, j'ai décrété que j'étais grande, et que le toboggan c'était pour les bébés, et que j'aimais plus le toboggan (allez, dites-moi que je ne suis pas la seule à avoir fait ça !). Je ne sais pas si j'ai tenu longtemps, mais j'ai fini par comprendre que c'était stupide de se priver de toboggan juste par fierté. En grandissant, j'ai fini par m'en détourner un peu, du toboggan. Cela dit, si je croise un toboggan à ma taille, même maintenant que je suis adulte, je n'ai rien contre un petit tour, par nostalgie.

     Aimer le toboggan — refuser le toboggan — retourner au toboggan — se détourner du toboggan — retrouver le toboggan.

     Cette relation avec le toboggan, qui évolue en se contredisant, n'a rien d'exceptionnel. Observez un peu : on trouve ça partout. Quand je me fais des amis, je commence par être gentille (parce qu'agresser les gens, ça fait fuir), mais je finis inévitablement par leur lancer des piques, histoire de juger leur humour. Gentillesse — fausse méchanceté — puis gentillesse sincère, quand je deviens proche de la personne — et enfin, moqueries-complicité.

     Dans l'Histoire aussi, les mouvements littéraires s'enchaînent en se contredisant : classicisme obstiné dans les règles — romantisme qui envoie balader les règles et part dans les épanchements lyriques — réalisme qui envoie balader les épanchements et se veut conforme à la réalité, puis naturalisme qui pousse encore plus loin — symbolisme. (Oui, bon, c'est de la vulgarisation.)

     Enfants nous admirons nos parents, adolescents nous les rejetons — adultes nous les acceptons. Preuve que se contredire n'est pas forcément régresser : accepter ses parents, ce n'est pas nier ce qui nous a opposés à eux, c'est passer outre.

     Et il en va de même partout : pour les artistes qui au fur et à mesure qu'ils progressent trouvent bon leur travail, puis le jugent mauvais, puis l'apprécient de nouveau, par exemple, mais aussi et surtout pour tout le monde, dans notre petite vie personnelle. Et ça n'est jamais que du progrès, dans une direction ou dans une autre.

     Aussi bien, l'immaturité feinte ne peut être parfois que la preuve d'une maturité assez éclairée pour prendre du recul sur elle-même (ou bien juste une preuve d'immaturité, dépend sur quel échelon de l'échelle on est).

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  • Commentaires

    1
    Lundi 13 Février 2017 à 16:55

    Perso j'étais plus du genre à vouloir prouver mon autorité au toboggan en le montant à l'envers (j'espère que tu vois ce que je veux dire)

    Bizarrement je me retrouve pas mal dans ce que tu vient de dire notamment en ce qui concerne les artistes; là je vais sûrement répéter ce que tu viens de dire, mais c'est un peu mon quotidien ces dernier temps de voir que j'ai progresser et que mon travail me plait, pour au final le trouver mauvais un peu plus tard.

    Un boucle sans fin quoi...

      • Lundi 13 Février 2017 à 16:59

        Oui, y a aussi l'histoire de monter le toboggan à l'envers :') (période suivie d'une autre, la "non mais je suis grande maintenant je monte plus le toboggan à l'envers parce que je sais être sage et pas faire des trucs débiles"... Pff, qu'est-ce que j'étais prétentieuse, à l'époque !)

        Et non, pas une boucle sans fin ! Vois ça plutôt comme un couloir dans lequel tu avancerais, tantôt collé au mur de gauche, tantôt au mur de droite... Tu avances quel que soit le mur que tu as choisi, et revenir au mur opposé ne veut pas dire faire demi-tour mais avancer en diagonaleuh o/ (Je sais pas si l'image est très claire... :'))

      • Lundi 13 Février 2017 à 17:05

        Si si l'image est clair mais en général j'accroche pas vraiment aux métaphores de ce genre, j'y prête pas attention

        Après c'est sûr que ça peut amener à réfléchir, il y a une belle dimension philosophique, à ton article

      • Lundi 13 Février 2017 à 17:14

        Vi vi, mais il s'agissait juste de rectifier la représentation : car la boucle tourne en rond, et ne s'évade pas, donc ne progresse pas... (On pourrait parler de spirale, cela dit :°)

        Après, bon, étant donné la puissance du mot "dialectique" en philosophie (Hegel, un jour je te comprendrai !)... Je n'ai pas la prétention de faire des cours de philosophie, simplement d'exposer des intuitions qui m'habite (et certes, qui sont des esquisses de pensées philosophiques !). Mais de toute façon, tout peut amener à réfléchir, même un simple hachis parmentier de Picard !

      • Lundi 13 Février 2017 à 17:16

        Ben justement c'est ça qui est intéressant; souvent quand je lis tes début d'article ça me fais rire et fini par me surprendre; là je me disais "Oulà ça parle de toboggan, vers quoi on va dériver?"

        Vois pas ça comme une critique, ça fais mouche à chaque fois (chez moi en tout cas)

      • Lundi 13 Février 2017 à 17:25

        Non non, au contraire, si tu me dis que j'arrive à faire rire, à surprendre et à faire réfléchir, c'est très flatteur :') Merci en tous cas, ça fait plaisir de lire ça o/

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