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2019
- Quel endroit de ta ville aimes-tu le plus ?
Sa nuit et ses lampadaires. - Qu'est ce qu'on ressent quand on existe ? quand on n'existe pas ? (Monade)
La logique cartésienne voudrait que si "on" existe pas, alors "on" ne peut rien ressentir ; à l'inverse, on imagine que l'existence confère ce pouvoir indescriptible (du moins pas totalement descriptible) de ressentir, quelque chose, d'une façon ou d'une autre : sensation, émotion, sentiment, intuition, idée, et toute la palette des nuances où ces possibles se mêlent les uns aux autres.
Mais il faudrait encore préciser une chose sur la nature de ce "ressentir" : c'est que l'existence lui donne une unité, et même, par là, une signification – ce qui est ressenti, c'est ce que je ressens. Car je ressens "d'une façon ou d'une autre", oui, mais je ressens d'une façon singulière tout du moins – en tant que sujet, en tant qu'individu. Ce que je ressens se place dans le contexte de mon existence, et c'est dans ce contexte que cela prend sens - ou ne prend pas sens, ce qui est déjà une façon de prendre du sens.
Ce que je ressens m'est limité – dans le sens où je suis la limite à ce que je ressens. Par ailleurs, on a beau se sentir parfois submergé par ce que l'on ressent (c'est là notre limite), cela ne couvre jamais entièrement le champ des possibles. La limite (qui va de pair avec la singularité et l'unité de sens) est la propriété principale de ce qu'on ressent – quand on existe.
Parfois, je me plais à imaginer que lorsqu'on meurt, lorsque le corps se dissout et rejoint le monde, l'âme fait de même : elle perd son unité et sa singularité, en deux mots se dissout, se fond avec le reste de l'univers. Alors, m'imaginé-je, alors, peut-être que lorsqu'elle a cessé d'être elle-même et qu'elle a perdu sa propre limite, peut-être qu'elle (elle et le reste de l'univers qu'elle a rejoint) est traversée par tous les ressentir possibles, sans aucune limite. Toutes les sensations, émotions, sentiments, intuitions, idées, sans aucun discernement, sans aucune signification, sans aucun sens possible, indifféremment - peut-être au gré d'un vent imaginaire, peut-être tout en même temps. Qui sait ? Peut-être que lorsqu'on n'existe plus, ou pas, on ressent tout. - Si tu avais une boutique, que vendrais-tu ?
Je me souviens avoir eu l'idée, étant petite, d'ouvrir une boutique à poèmes. Les gens entreraient et pourraient acheter des poèmes rien qu'à eux, ou en demander, aussi.
Maintenant que j'ai fait des études littéraires, je me dis que ce serait peut-être plus intéressant de vendre des rêves. Ou des mots de toutes sortes, alors, à défaut de poèmes.
Mon éléphant, pour lui, il n'y a pas de doute dessus : plus tard, il sera fleuriste. - Aujourd'hui c'est la Journée mondiale des vœux ! As-tu déjà fait un vœu en voyant une étoile filante ?
Le vœu et l'étoile filante vont de paire : mais pourtant, j'ai toujours eu du mal à formuler des vœux devant des étoiles filantes – à formuler des vœux, tout simplement, même si ça peut paraître étrange dit comme ça.
Ce ne sont pourtant pas les envies qui me manquent : mais chaque fois que je me trouve en situation de changer ces envies en vœux, je finis par me trouver illégitime, et même un peu bête sur les bords.
Car en réalité, de deux choses l'une : ou bien il ne tient qu'à moi de réaliser cette envie, et dans ce cas je ne peux pas en faire un vœu, puisque sa réalisation ne dépend que de moi ; ou bien justement il ne tient pas à moi de la réaliser, et dans ce cas il ne tient pas à moi non plus de vouloir qu'elle se réalise. (Et dans ce dernier cas, ou bien cela relève des forces de la nature, qui sont dans ce cas seules à répondre du cours des choses, vœu ou pas, ou bien cela relève d'autrui, et je n'ai pas à vouloir forcer sa volonté ou sa vie, fût-ce par le biais d'un vœu.)
(Du reste, je suis un brin paranoïaque, et je crains un peu que le génie à l'œuvre derrière la réalisation de mon vœu ne le réalise de travers, ou ne change la situation à mon désavantage, ou ne trouve un moyen pour me faire regretter mon vœu par sa réalisation même : alors je n'ose pas trop, je préfère rester raisonnable...)
Toutefois, j'ai fini par résoudre le problème et, puisque je trouverais dommage de ne pas faire de vœu face à une étoile filante, lorsqu'il m'arrive d'en voir une, je fais le vœu d'avoir une bonne surprise prochainement. Je sais que je ne risque rien avec ça, que je ne regretterai rien, et puis que ça se réalisera, aussi. Si les vœux ne dépendent que de nous, je saurai bien la trouver, cette bonne surprise : et sinon, l'étoile filante saura sûrement trouver une surprise meilleure que ce que je n'aurais pu désirer seule.
C'est certes un vœu un peu abstrait, mais je l'aime beaucoup - je le crois plus sage que les autres envies que je pourrais avoir. Dans mes meilleurs moments, je formule même ce vœu à l'égard des gens que j'aime, ou du monde : je suis sûre que pour eux aussi, ça marche.
Parfois aussi, ces derniers temps, je me suis surprise à penser, devant une étoile filante, que peut-être qu'elle était la réalisation du seul vœu possible face à elle ; qu'elle était si belle, si simple – comme une idée, donnée toute entière dans sa lumière –, que peut-être qu'elle était en elle-même, et l'origine, et le contenu, et l'aboutissement du vœu. La temporalité de ce dernier serait alors inversée, puisqu'il se réaliserait au moment même où l'on se figurerait la possibilité de le formuler. C'est une jolie idée, qui me séduit beaucoup : et peut-être qu'un jour, j'abandonnerai mon vœu d'une bonne surprise pour confondre définitivement l'étoile filante et le vœu, et me dire, chaque fois que je verrai une étoile filante : "Oh ! Il s'est réalisé !"...
– En attendant, si une bonne surprise nous arrive... Remerciez l'étoile filante ;) - Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ?
"Si ça ne sonne pas bien, c'est que ce n'est pas bon."
C'était ma professeur de français quand j'étais en 3ème qui nous avait dit ça, à propos des accords de temps (une règle de la grammaire qui m'avait alors éblouie car elle avait enfin expliqué pourquoi si souvent je sentais qu'une phrase était fausse sans réussir à formuler pourquoi). J'ai toujours suivi ce conseil depuis : si ça ne sonne pas bien, je reformule, et puis je note la phrase dans ma tête pour y repenser plus tard. La plupart du temps, en y repensant, je finis par identifier la règle de grammaire qui faisait que ce n'était pas juste.
Je me suis rendu compte il y a quelques temps que j'appliquais aussi ce conseil dans bien d'autres domaines, et que ça marchait tout aussi bien : lorsqu'une idée, un raisonnement ne me paraît pas bon, je note ça dans ma tête. En y repensant, je finis par trouver une explication, une idée, une notion à côté de laquelle j'étais passée et qui me permet de résoudre le problème. J'ai appris à me faire confiance comme ça : si intuitivement, j'ai une idée, une opinion, que je n'arrive pas à justifier, j'y repense plus tard et j'essaye de formaliser le raisonnement derrière. Bien souvent, je me rends compte que ce n'est pas "juste dans ma tête", qu'il existe bien une justification rationnelle. Avec le temps, j'apprends aussi à mieux formaliser ce qui se passe, ce que je ressens, à trouver plus rapidement le raisonnement à l'origine de mes idées : je crois que c'est important, aussi. - votre néléfant n'aime pas les fakirs ? :( (Phesyle)
Non, il est très douillet. Il aime être dorloté et chouchouté, qu'on joue avec lui, qu'on le câline, qu'on lui donne des rubans et des fleurs, qu'on le déguise, qu'on le regarde, qu'on lui dise qu'il est beau et qu'on le prenne en photo. C'est une vraie diva :(
Il mérite ces attentions :'( (Phesyle)
C'est vrai ! Mais il mérite aussi qu'on parle de sa coquetterie : c'est ce qui fait son charme, après tout. - Tu vas regarder quoi ce soir ? (15/04/2019)
"Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. [...] Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté in-quiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des gui-vres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait en-tendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée." (Hugo, Notre-Dame de Paris)
Il y a des choses dont on rêve qu'elles restent dans les romans.
Vous cherchez à me faire flamber ? :'( (Phesyle)
Vous êtes ma Dame mais vous n'êtes pas de Paris...
J'ai pensé à toi en lisant que le roman de Victor Hugo est actuellement en rupture de stock dans les librairies. (Lucie s'ennuie)
Ah, je l'avais sentie venir celle-là ! Mais si ça permet aux gens de découvrir Victor Hugo, tant mieux ;)
Et puis, la lecture du livre est propice à faire relativiser : la cathédrale a brûlé dans l'histoire hugolienne, elle a failli connaître le délabrement au début du XIXème siècle... Mais le monument a survécu, ceci n'est pas parvenu à tuer cela, et même en ce qui concerne la cathédrale, j'ai envie de dire que ceci a sauvé cela. Son incendie, réel cette fois-ci, ne l'a pas détruite, il l'auréole juste en s'inscrivant dans la légende de ses siècles ! - As-tu nagé aujourd'hui ?
De paresse, oui.
"L'âme adore nager.
Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. [...]
On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement.
Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime.
L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui).
Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz - jouissance sans fin."
(Henri Michaux, La Nuit remue) - Préfèrerais-tu que les sirènes ou les licornes soient réelles ?
Mes propres sirènes sont déjà en ce bas mondes, et je ne sais jamais si je rêve de me noyer dans leur chant ou si j'aspire à leur survivre. - Quelle est ta fête préférée de l'année ?
J'aime beaucoup Noël, parce que c'est une période de l'année très festive, et que la plupart des gens jouent le jeu de "l'esprit de Noël" : les gens sont de bonne humeur, il y a de belles lumières partout. Mais plus le temps passe, et plus je me rends compte que je préfère la période de l'Avent à la fête à proprement parler : l'excitation et l'attente montent graduellement, et puis il y a le plaisir de chercher des cadeaux pour tout le monde. L'ouverture des cadeaux le jour J m'intéresse beaucoup moins, et je ne suis pas très fan de la dinde farcie, même si ça me fait toujours très plaisir de retrouver ma famille au complet.
En revanche, il y a une autre fête, beaucoup plus intime, qui est très importante pour moi. C'est le Têt, le Nouvel An vietnamien (qui se fait en même temps que le Nouvel An chinois, mais chez moi on appelle ça le Têt). Outre le fait qu'on voit ma partie préférée de la famille ce jour-là, qu'on mange vraiment très très bien, et qu'on donne de l'argent aux enfants, c'est aussi et surtout le moment où on fait une cérémonie religieuse pour le Bouddha et pour les ancêtres. Nous nous réunissons dans une petite pièce aménagée en chapelle par mon grand-père, et, guidés par lui, nous chantons des prières en vietnamien, avant d'offrir de l'encens au Bouddha et aux ancêtres. Évidemment, c'est tant bien que mal que nous le faisons, parce qu'il faut deviner quels chants doivent être répétés, lesquels doivent être sautés, à quelle page nous sommes (et ça peut changer en cours de route), et puis aussi parce que si l'alphabet est latin, il est orné d'une multitude d'accents qui changent la prononciation des voyelles et des consonnes, et qu'il faut donc aussi deviner comment prononcer les mots. Par ailleurs, je ne parle pas le vietnamien : alors les mots, souvent monosyllabiques, n'ont aucun sens pour moi, ne sont qu'une suite de sons.
Mais c'est ce que j'aime le plus en vérité : je ne comprends pas ce que je chante, mais j'y mets mon cœur et mon âme, parce que le chant est beau, qu'il se chante dans ce langage secret du divin, et qu'il n'a pas besoin de sens pour m'élever. Et même plus, je ne voudrais pas savoir ce que je chante, parce que sans doute si je le savais, le chant perdrait toute la dimension mystique que je chéris chez lui. En chantant sans parole - et c'est le seul moment de l'année où je me laisse à chanter ainsi -, je chante toutes les paroles possibles ; en chantant sans comprendre, je chante avec foi.
Je dis souvent que je suis agnostique, sans religion : et c'est vrai, je ne crois pas être bouddhiste ; pourtant, rares (nulles ?) sont les choses qui me transportent (me transcendent ?) autant que ce moment volé à la vie et donné au divin. - Entre 1 et 10 ans, étais-tu un enfant bizarre ?
J'ai passé mon adolescence à lutter contre ce que j'avais été durant l'enfance. Je n'avais pourtant pas été une enfant horrible ou bizarre : au contraire, j'étais d'un sage et d'une platitude qui confinaient à l'ennui. Mais la honte ne vient pas tant de ce que j'étais, que du gouffre qu'il y a désormais entre ce que j'étais à cette époque et ce que j'ai toujours voulu être par la suite, ce que je suis aujourd'hui. Je suis quasiment incapable de me reconnaître dans ce que j'ai été jusqu'à mes 10 ans, et j'aimerais ne plus avoir à en rendre compte ou à m'y identifier. - La force de qui (de quoi ?) devrais-tu avoir pour accomplir tes objectifs ? (Phesyle)
Je crois que la mienne a toujours été suffisante pour mes objectifs... Même si à vrai dire, parfois ça n'a pas suffi. Ce n'était pas faute de vouloir faire de mon mieux, ou d'essayer, mais... Mais je ne sais pas ce que ça veut dire, faire de son mieux.
Quand on doit travailler à fond pendant un jour, et ne faire que ça, alors évidemment, on peut le faire, c'est facile de faire de son mieux - quoique même là, l'efficacité exige de faire des petites pauses, de se sustenter tout du moins. Mais quand on doit travailler à fond pendant un mois, six mois, un an ? Il faut s'accorder des pauses, inévitablement. Mais quelles pauses ? Lesquelles sont indispensables, lesquelles ne le sont pas ? Lesquelles font partie du "faire de son mieux", et lesquelles, justement, sont celles durant lesquelles on ne fait pas de notre mieux ?
Alors probablement que ma force suffirait, si je faisais de mon mieux : simplement je ne sais pas faire de mon mieux, je ne sais pas ce que ça veut dire, je ne sais pas si c'est possible.
Avec le temps, j'apprends simplement à mieux essayer. - #Poissondavril Combien de blagues as-tu fait aujourd'hui ?
J'ai fait semblant de coller un poisson d'avril dans le dos de mon éléphant, mais en fait c'était une baleine d'avril. - Préférerais-tu profiter d'un bouton magique de retour arrière ou pause pour gérer ta vie ?
Le bouton arrière, pendant des années ça a été mon grand fantasme. J'aurais aimé tout refaire en mieux... Mais j'ai fini par comprendre que certaines erreurs étaient indispensables pour certaines rencontres ou certains grands moments. (Et puis, je deviendrais folle.) Je ne dirais toutefois pas non à une pause de quelques semaines, même si je sais que probablement ça ne m'aiderait pas plus que ça. - Qu'est-ce qui vous fait vibrer ?
[Lien vers une cover des Moulins de mon cœur]
Et le nom de @Phesyle pour faire tourner les moulins de mon cœur... - Un tableau que tu aimes ?
En ce moment, c'est l'Air du Soir d'Henri-Edmond Cross qui m'éblouit. J'aime zoomer et dézoomer à loisir sur les silhouettes et les coups de pinceau. - As-tu déjà fait un rêve étrange que tu n'arrives pas à oublier et qui te hante toujours ?
Quand j'étais petite, je faisais souvent un rêve angoissant. Bien que certaine que quelque part je le connais encore par cœur (c'était toujours le même rêve), je suis aujourd'hui incapable de le retrouver. Quand j'essaye de me le figurer, j'attrape quelques sensations fugaces indescriptibles, une image de grosse roue de tracteur dans un décor de boîte (de carton), un jouet de gare de train, une forme de métamorphose de mon corps... Je sais que c'était un cauchemar à l'époque ; aujourd'hui il ne me fait plus éprouver aucune crainte, j'ai juste de la curiosité à son sujet, parce qu'il m'échappe chaque fois que je crois être sur le point de me le remémorer. - As-tu déjà pensé à aller quelque part où personne ne te connaît et commencer une nouvelle vie ?
Je me le suis souvent imaginé. Parfois, je rêve même que je prends une nouvelle identité, que je deviens vraiment quelqu'un d'autre. Je joue à trouver des moyens de cacher qui je suis vraiment, à inventer mes nouveaux déguisements. Souvent, j'y pense assez pour presque y croire ; mais ce ne sont jamais que des fantasmes. Je n'en ai pas les moyens ; et puis, il y aurait trop de gens, trop de projets à abandonner derrière soi. - Quel nom vieille France et désuet aimerais-tu porter ? (Phesyle)
Je ne me vois pas porter d'autre prénom que le mien, qui est déjà suffisamment vieille France et désuet à mon goût. Pas que je l'aime particulièrement pour lui-même, mais il m'est arrivé d'entendre quelqu'un m'appeler par mon prénom et de le trouver agréable dans sa bouche. Plus jamais depuis je n'ai regretté de l'avoir comme prénom : il était devenu mien, au bout des ans, par la force des êtres. - Qu'aimes-tu faire les jours de pluie ?
L'écouter. La pluie est harmonie, et la preuve c'est que, dans mon cœur, son bruissement est à l'image même des gouttes qu'elle laisse sur la vitre. Douceur et délicatesse : rares sont les choses dont l'aspect et le chant se répondent aussi parfaitement. - L'amour peut prendre différentes formes. Quels types d'amour peux-tu citer ?
Il y a quelques années déjà, j'avais dit à mon amoureux d'alors que je ne croyais pas à l'amour-regard, que vraiment, je ne pensais pas qu'on puisse aimer une personne de ce qu'on voyait seulement d'elle. Je ne croyais, lui ai-je dit, qu'à l'amour-jeu, qu'à l'amour qui fleurit dans ce qu'on échange avec l'autre, dans ce qu'on devient avec l'autre. J'ai souvent tenté de parler de cet amour-jeu que je comprends instinctivement, mais il est protéiforme, il est mouvant, et il aime déborder au-delà des mots qu'on aimerait placer comme limites. L'amour-jeu, sans doute, n'admet pas de type ; ou alors c'est qu'il est unique à l'infini... - Faut-il être un peu fou pour aimer les heuchères ? (Phesyle)
Ne faut-il pas ne serait-ce qu'un brin de folie pour aimer ? - Croyez vous en Dieu et à la vie après la mort ?
Ce matin, j'ai mangé un pain au chocolat avec une seule barre de chocolat dedans. Je ne peux plus croire en Dieu après ça, si Dieu existait il aurait empêché que cette infamie se produise.
je pleure des larmes (Phesyle)
Je préférerais que vous pleuriez des barres de chocolat, ça serait plus utile :'( - cc ;) (Phesyle)
Vous m'aguichez ? :o
Moi ? :o Jamais ! (Phesyle)
Dit-elle en rangeant son clin d'œil et son épaule dénudée...
Juste un peu, alors... (Phesyle)
Un peu, c'est déjà trop pour être assez...
Comme ce trois fois rien qui est déjà un petit quelque chose ? (Phesyle)
Avec vous, pour trois fois rien je me sens toute chose... - Quelle ville voudrais-tu voir de nuit ? (Phesyle)
J'aime toutes les villes de nuit, pourvu qu'elles aient des lampadaires pour chanter en cœur avec les étoiles. Ma préférée reste Paris tout de même : les constellations de rue répondent aux motifs célestes sous le regard attentif de la lune et de la Tour Eiffel. La symétrie de leurs lumières est parfaite dans mon cœur – tout du moins c'était elle le phare de mon enfance qui conduisait la barque de mes songes à travers les récifs des insomnies et des cauchemars, et c'est elle qui est restée pour moi le symbole de la douceur nocturne. - Dans ton entourage, qui rêves-tu d'inviter à danser ? (Phesyle)
Vous, mais ça fait six mois que je retarde le fatidique moment d'apprendre la valse. - Quel est le produit de luxe que tu aimerais posséder?
Une détermination sans faille.
Été-Automne 2018
- Crains-tu les chatouilles ?
Oui, mais ça ne m'empêche pas de manger de l'ananas quand même. (Ça me chatouille la langue, même si il paraît que je suis la seule à qui ça fait ça...) - Quand personne ne regarde, je...
Je monte les escaliers de mon lycée de travers, selon des diagonales soigneusement choisies. Je tourne sur moi-même en marchant, sur la pointe des pieds, à pas chassés, n'importe comment mais je marche de toutes les façons possibles. D'une certaine façon, on pourrait dire que je danse, moi qui suis si mal à l'aise pour me dandiner dans les fêtes qui s'y prêtent. J'explore toutes les subtilités de mon corps, tant que personne ne surgit à l'horizon - apparition qui a pour conséquence immédiate de me faire cesser tout mouvement suspect, et de me contraindre à reprendre mon chemin normalement, comme si de rien n'était. Ces moments-là que je n'accorderais pas à quiconque autrement que sur le mode de la légèreté (que je n'accorderais donc pas à quiconque puisqu'ils sont intrinsèquement sérieux, que toute légèreté les abolirait), ces moment-là sont bien plus intimes que beaucoup d'autres, ce sont peut-être les plus intimes de ma vie. - Avoue, de quoi rêves-tu ?
Récemment, j'ai remarqué que je rêvais souvent de mes mensonges. - Tu préfères écouter ou parler ?
Quand je m'adresse à moi-même, je me demande si c'est plus pour m'écouter ou me parler que je le fais... - Dois-tu souvent chercher la chaussette manquante ?
La chaussette manquante à quoi ? J'aime mes chaussettes libres. C'est une liberté qu'elles semblent apprécier, car souvent je les retrouve (sans les chercher !) en train de se balader ou de se rouler dans la poussière au détour d'un placard ou d'un pied de lit, seules, en couple ou même en trouple, les coquines ! Leurs couleurs bariolées les rendant toutes assorties les unes aux autres, elles se mélangent et vivent ainsi sans complexe, dans mon placard ou ailleurs. Elles se côtoient d'ailleurs aussi bien propres dans tous les coins que sales quand le soir j'enlève mes chaussettes sans réfléchir en les balançant partout. Ce qui horrifierait quiconque d'un peu maniaque constitue ma petite joie personnelle, quand je les ramasse une fois la semaine pour les mettre au linge sale : et alors, quelle surprise que de trouver au milieu d'un amas que je croyais être des chaussettes sales une paire ou des triplées de propres, et quel délice de pouvoir enfiler illico des chaussettes qu'on croyait, quelques minutes auparavant, devoir délaisser à la machine à laver pour quelques jours, le temps du lavage et du séchage ! Je suis toujours heureuse de mettre des chaussettes, car j'aime toutes mes chaussettes (la joliesse des vieilles les plaçant à la même hauteur que la douceur des jeunes, ne serait-ce que par nostalgie ; et pourtant, sait-on à quel point j'aime la sensation d'enfiler une chaussette neuve !). C'est toutefois là, je l'avoue, une affirmation un peu coupable, car si je les aime et les reconnais toutes, je ne saurais jamais dire de tête laquelle manque à mon placard. La faute aux assemblages dépareillés, prétendra-t-on : et je répondrai avec mauvaise foi que pourtant il m'arrive d'avoir des paires semblables - par accident (car les probabilités le veulent, il faut bien que cela arrive que deux chaussettes semblables s'acoquinent de temps en temps) ou intervention parentale (cas de moins en moins fréquent à mesure qu'ils se rendent compte de mes indécrottables politiques en matière de chaussette). Mon laxisme est peut-être en cause, il est vrai : toutefois, je crois malgré tout n'avoir jamais perdu aucune chaussette. A les porter avec tant d'amour, sans doute leur donné-je l'envie de revenir, une fois leur pèlerinage aux quatre coins de ma chambre accompli... Mais, par conséquent, non, je n'ai jamais à chercher les chaussettes manquantes (ne serait-ce que parce qu'aucune ne me manque jamais) : et puis en réalité ce sont plutôt elles qui viennent me retrouver, quand par hasard je mets mon nez sous mon lit. - Quelle est ton plat de cantine préféré ?
Mon grand malheur, l'année dernière, était de devoir tous les jeudis, à la sonnerie de midi, me rendre en interrogation de grec ancien quand tous les autres se ruaient sur les frites hebdomadaires. Cette année, à ma grande joie, lesdites interros ont été décalées au lundi, me laissant tout le loisir de me ruer la première sur les frites. Joie rapidement calmée quand j'ai appris que vendredi dernier, j'avais loupé le Paris Brest de la cantine... À la cantine, c'est toujours comme ça : les meilleurs plats, ceux qu'on aurait préférés, semblent faits pour nous passer sous le nez. - Qu'as-tu aimé dans Aurélien ? (Michelle)
La douceur de l'écriture. Son écoulement vous berce et vous attache – vous hypnotise...
Je ne saurais pas dire. Pour moi, l'écriture d'Aurélien est le visage même de Bérénice. C'est une lenteur, une pesanteur, presque maladroite, et qui possède un charme inextricable, qui séduit parce que justement on en perçoit la maladresse. Je suis tombée amoureuse du roman comme Aurélien est tombé amoureux de Bérénice, je crois.
Non, vraiment, je ne sais pas. C'est encore trop à côté de la beauté d'Aurélien, de cette façon qu'a eue le roman de me prendre au cœur, chaque fois.
J'ai tout aimé dans Aurélien. - Disputeras-tu tes enfants s'ils ont de mauvaises notes ?
Avant de les disputer, c'est peut-être mieux de comprendre avec eux pourquoi ils ont eu de mauvaises notes et de revoir leur contrôle avec eux pour s'assurer qu'ils aient compris...
S'ils font de leur mieux et qu'on les soutient, je pense sincèrement qu'il n'y a pas de raison qu'ils ne réussissent pas. (Suis-je utopique ?) - Quelle est la chose la plus drôle qu'un de vos professeurs ait dite ?
On étudiait la conjugaison de φημι en grec ancien, j'étais déjà d'humeur légère, et soudain, j'ai entendu d'un ton péremptoire : "φης !"
Kk fesse (Phesyle)
Oui, c'était la suite de la blague. Comme pour parler de ce qui est mauvais on dit κακο, à l'époque j'avais trouvé cette merveilleuse traduction à la phrase "Tu dis des bêtises/mauvaises choses" : φης κακα
(Mais un jour on l'a écrit au tableau avant le cours et le prof, en entrant, a levé les yeux au ciel avant de s'exclamer : "Mais c'est un verbe intransitif, voyons !")
(Une grande déception dans ma vie. :'() - Qu'as-tu envie de dire à tes ennemis ?
Je ne crois pas en avoir, alors, peut-être "Qui êtes-vous ?"
(Et puis après : "Venez on va faire connaissance dans un café !", histoire de commencer sur de bonnes bases.) - Quel livre as-tu lu récemment que tu recommanderais à tes amis ?
Aurélien d'Aragon, sans hésiter. Je ne comprends plus comment c'était, avant d'avoir lu ce livre... Je me souviens juste de l'éclat de sa première lecture. - Quelle est la meilleure application au monde ?
L'application rigoureuse de ses résolutions personnelles. (Je ne sais pas où la télécharger en revanche :'() - Qu'est-ce qui te fait pleurer ?
Relire des lettres. Parmi celles que j'ai reçues (ou écrites), beaucoup sont très fortes, et m'accorder le luxe de les retrouver n'est pas sans conséquence : je replonge inévitablement dans des amours passées ou présentes... - Quelle est la formule du bonheur ?
C10H12N2O, si je ne me trompe pas. - Que fais-tu en cas d'insomnie, la nuit ?
À une hypersomniaque, la question fait mal... - Comment s'habiller pour un premier rendez-vous ?
À moins d'avoir rendez-vous dans un club nudiste, s'habiller avec des vêtements me semble être le plus important. Du reste... - Quelle vue aimerais-tu avoir de ta maison ?
Sur l'ouest. J'ai besoin de voir le coucher de soleil, sinon ma vie s'étiole. - Crois-tu au coup de foudre ?
Oui, parce que je l'ai vécu (quoiqu'il ait mis plusieurs heures plutôt qu'une seconde). - La haine est-elle une forme d'amour ?
Non, même si je soupçonne depuis longtemps qu'on ne déteste que ce qu'on pourrait aimer – et que la détestation (plutôt que l'indifférence) vient peut-être de ce que justement, on se sent obligé de rejeter quelque chose auquel il ne nous aurait pas été impossible d'adhérer. - D'après vous si une fille s'habille en jupe et décolleté et qu'il lui arrive quelque chose (agression verbale ou physique) est ce que c'est de sa faute ou pas ?
Les méchancetés commises sont de la faute de celui qui les commet, pas de celui qui les subit - et l'agresseur était tout à fait libre de ne pas agresser.
Je ne comprends pas pourquoi la question continue de se poser... - Pourquoi en faisons-nous souvent tant pour des personnes qui ne font souvent rien en échange pour nous ?
J'ai trois réponses à donner à cette question.
La première, c'est que parfois, faire des choses pour les autres c'est aussi les faire pour soi : alors au fond, cela importe peu qu'on ait quelque chose en retour, puisqu'on a déjà eu quelque chose pour soi. Ce sont sans doute même les autres qui y perdent, du coup, à ne rien faire en retour.
La deuxième, qui ne répond pas vraiment à la question mais est une réponse tout de même, c'est que souvent, je crois que les autres font réellement des choses pour nous, et que c'est pessimiste de s'imaginer donner sans recevoir. Peut-être alors qu'en fait, c'est juste qu'on est trop bête pour remarquer tout ce que les autres font pour nous - et que c'est pour ça qu'on a l'impression de tant faire dans le vide.
La dernière réponse est une question : a-t-on vraiment besoin de se poser cette question ? Faut-il nécessairement compter et aligner les actions et les dons pour mesurer la balance ? On ne fait rien vraiment pour personne, si on fait pour avoir en retour - et c'est peut-être pour ça que parfois, on n'a rien en retour : précisément parce qu'on n'a pas vraiment fait pour qui que ce soit.
Toutes mes réponses se rejoignent sur ce point : la seule question qui vaille qu'on se pose, c'est celle-là : qu'est-ce que je vais faire ? Et le reste importe peu, si l'on ne fait rien.
Printemps 2018
- Si tu étais un chapeau, sur quelle(s) tête(s) aimerais-tu t'asseoir ? (Phesyle)
Sur une fourmi de dix-huit mètres...
(j'ajoute la version chantée, pour Mademoiselle Phesyle.)
C'est la fêteuh. :O (Phesyle)
C'est vous, ma fête. - À quelle fréquence ranges-tu ta chambre ?
Avoue Ask, t'es de mèche avec ma mère et tu poses la question de sa part en espérant que je comprenne le message subliminal. - Qu'est-ce que tu aimerais vraiment avoir, mais que tu ne peux pas te permettre ?
Le concours de l'ENS. Mais ce n'est pas quelque chose que je peux me permettre d'espérer pour cette année, car c'est un concours qui se joue au mérite et, eh bien, je ne mérite pas tout à fait de l'avoir, étant donné mon investissement. C'est bizarre, parce que ça ne repose que sur moi, tout ça, alors je ne me sens même pas légitime à dire que je le veux et que je ne peux pas me le permettre.
Je crois qu'il y a quelque chose d'assez terrible à désirer quelque chose qui n'est ni impossible ni tout à fait possible, et qui ne dépend que de soi. On est renvoyé à soi-même et à ses propres faiblesses, il n'y a pas d'échappatoire possible, on ne peut accuser que soi-même. C'est là que jaillit l'implacable solitude : solitude d'être soi-même, solitude de n'être que soi-même, et de ne pouvoir y échapper. - Qu'est-ce que l'amour et la nourriture ont en commun ?
Ils aident à vivre, mais ne suffisent pas : il faut encore de l'eau fraîche avec. - Cite trois choses qui selon toi ne devrait pas exister dans le monde.
J'aimerais bien qu'on enlève l'expansion de l'univers, s'il vous plaît : http://pause-cafe-sans-cafe.eklablog.com/d-une-merveille-impossible-de-l-univers-a144844372
Et comme c'est un très gros truc et que c'est beaucoup demander, je m'arrête là dans ma liste. Ne trouvez-vous pas que je suis quelqu'un de délicieusement raisonnable dans mes souhaits ? - Que veux tu faire de ton avenir ?
Le vivre ? (Non, parce que même avec une sauce aux champignons, je me vois mal le manger...) - Être riche et malheureux ou pauvre et heureux ?
La question est stupide. L'argent n'est qu'un moyen pour réaliser des choses qui sont censées à terme nous rendre heureux. Du coup, à quoi nous servirait l'argent si nous étions malheureux ? Et puis, à quoi bon avoir besoin d'argent si on est heureux* ?
C'est comme demander "être diplômé et au chômage ou pas diplômé mais avec un CDI ?" Si on part du principe que les diplômes servent à obtenir un travail, on s'en fiche des diplômes, tant que tu finis par avoir un travail.
*bien évidemment, si on a le minimum pour vivre (j'ai dit vivre, pas survivre). Je ne crache pas sur l'argent non plus, mais je fais valoir qu'au dessus d'un certain niveau de confort, les choses ne sont plus que des bonus censées contribuer à notre bonheur. - Pourquoi la vie est-elle si injuste ? Pourquoi éloigné des coeurs qui s'aiment et qui se sont battus pour être ensemble ? Pourquoi nous enlever les personnes que nous aimons ? Quel est le sens de tout ça ?
La vie n'a pas de sens de la justice, elle ne peut donc pas être injuste. Elle n'a aucune intention, ni aucun compte à rendre. La seule question qu'il faille se poser, c'est : nous, que faisons-nous d'elle et face à elle, avec notre sens de la justice ? Et c'est dans ce constat, doublé de cette question pressante, que se trouve notre liberté – et donc tout espoir de véritable bonheur. - Préférerais-tu avoir un gros 4x4 ou une voiture de sport ?
Je me suis toujours dit que si j'avais une voiture un jour, j'aimerais qu'elle soit peinte en Elmer l'éléphant, ce qui est le seul fantasme que j'aie actuellement en terme de voiture. A choisir, je préfèrerais quand même un Pass Navigo et un abonnement TGV Illimité à la SNCF... - Tu te souviens de ton premier amour ?
Parfois avec un peu trop d'acuité. - Si tu étais prof, quel matière enseignerais-tu ?
Le français, parce que c'est à la fois plus qu'un art, plus qu'une langue, plus qu'un savoir technique et plus que de la culture. (Et parce que je pense qu'il y a moyen d'intéresser les gens à ça aussi.) Mais le latin, le grec ancien ou la philo, ça doit être rigolo aussi.
(Niveau lycée dans tous les cas : c'est là où les choses deviennent intéressantes, mais où il y a encore beaucoup de monde.) - Quel a été le dernier livre que tu as lu ?
Fight Club. Certaines scènes continuent de me frapper, je serais presque tentée de le relire, mais d'autres livres m'attendent... - Souris-tu à des étrangers ? Pourquoi ?
Oui, parce que ça met de bonne humeur de les voir sourire en retour. C'est de ces plaisirs gratuits de la vie dont il serait bête de se priver. - Quel est le dernier concert auquel tu as assisté ?
Un concert d'orgue, dimanche. Ça m'a permis d'apprendre qu'à Paris, il y a des églises qui font une audition d'orgue tous les dimanches, donc j'y retournerai, je pense. Ça me semble être une habitude parfaitement saine. - Penses-tu que la solitude peut être addictive et donc dangereuse ?
À un degré ou à un autre, selon les personnes, tout peut être addictif. Mais ce n'est pas parce que c'est addictif que ça en devient nécessairement dangereux. (Cessons de penser que l'addiction est mauvaise par principe.) - Qu’est ce que tu fais ?
Je me connecte en douce pendant que les gens que j'aime font la sieste. Je crois que c'est la Bretagne, ça donne naturellement envie de faire la sieste... Mais je rentre ce soir, ça va me manquer ces folles vacances :'( - Aimerais-tu devenir célèbre ?
Non, mais j'aimerais faire des choses qui seraient dignes de me rendre célèbre pour des bonnes raisons. La célébrité est un effet secondaire, pas une fin en soi.
Tu serais une femme-housse :'( (Phesyle)
Sois ma couette ! - Quel son peut t'endormir?
Le silence de la nuit, le bruit indistinct de la foule, le tic-tac régulier d'une montre, le souffle apaisé d'une personne à mes côtés, les paroles de la radio, le roulis d'un métro... - Quel est le but du jeu ?
Jouer.
Trouver les règles du jeu.
Réinventer les règles du jeu.
Être fair-play.
Tricher ? S'amuser ? Gagner ?
Mais peut-être qu'il n'y a pas de but du jeu.
Ou bien peut-être que le but, c'est d'en trouver un. - Aimes-tu tenter de nouvelles expériences dans la vie ?
La vie est perpétuellement une nouvelle expérience. - Quel pays ne voudrais-tu jamais visiter ? Pourquoi ?
"Visit foreign countries, except those whose inhabitants have expressed a desire to kill you." Ron Padgett, How to be perfect
Pourquoi ? Eh bien, c'est une question de bon sens, je pense. - Est-ce plus facile de tomber amoureux au printemps ?
Au printemps de son âme, oui. Mais rien n'empêche les âmes de fleurir en hiver.
- Quelle est la meilleure chose dans ta vie en ce moment ?
Je sens en moi un certain éveil aux choses.
C'est une sensibilité, littéraire et à la beauté, qui s'exacerbe doucement, appuyée sur la certitude que la beauté me sauvera toujours.
C'est un penchant nouveau pour la douceur, et pour l'écriture, que je crois retrouver.
Ce sont une ou deux lettres qu'il m'a été donné d'envoyer, mais pas seulement, quelques autres textes, des poèmes même.
La meilleure chose dans ma vie en ce moment, c'est le doux printemps que je sens fleurir dans mon âme. - Si tu pouvais être célèbre pour quoi que ce soit, ce serait...
Si je pouvais sauver le monde ou éradiquer un truc affreux, je ne dirais pas non.
Mais ce n'est pas vers là que je me suis orientée, alors... Pour mes mots. J'aimerais être capable d'écrire quelque chose de vrai. Quelque chose qui en vaille la peine, comme ces œuvres littéraires qu'on a érigées en intemporelles. Ce n'est pas tant la célébrité qui compte, juste la certitude d'avoir su écrire.
(Mais devenir célèbre pour avoir fait de grandes thèses linguistiques/philosophiques/littéraires, ou pour avoir écrit des livres pour enfants aussi chouettes que ceux de Claude Ponti, ou pour avoir tenu la rubrique "Questions d'enfants" de Philosophie Magazine, ou quelque chose comme ça, je ne dis pas non, hein. Juste, il faut que ça soit les mots. Rien ne compte autant que les mots pour moi.) - Quel le meilleur cadeau de mariage selon toi ?
Un ticket de loto pour @Phesyle et moi. Parce que quand même, ce serait bien qu'elle le gagne, ce foutu Loto où elle n'a pas acheté son ticket.
Ça veut dire qu'il va neiger sur ma fusée ? :O (Phesyle)
Y a intérêt. C'est écrit dans le contrat : "Phesyle s'engage à prendre Décaféine pour épouse et à apporter une fusée dans son trousseau".
(Par contre j'aimerais bien une grande fusée s'il te plait, j'ai un éléphant avec moi...) - Si étais bénévole, où aimerais-tu travailler ?
J'ai contacté l'autre jour une association d'alphabétisation des migrants pour avoir plus d'informations (pour devenir bénévole cet été éventuellement). Sinon, le tutorat ça me plairait bien aussi.
Tout ce qui concerne l'éducation, le langage, les mots. - En combien de temps tombes-tu amoureux ?
Ce n'est pas une question de temps, c'est juste une question de complicité. (De toute façon on ne tombe pas amoureux, on apprend juste à aimer, c'est un apprentissage continu. On ne se réveille jamais un matin en étant amoureux d'un coup.)
Mon premier amour, on s'est rencontrés un soir, on a passé la nuit ensemble, et on n'a pas cessé d'apprendre à s'aimer. On n'a finalement jamais su quand est-ce qu'on avait commencé à s'aimer, il n'y a jamais eu de déclaration ou de révélation.
Même pour mon amoureux actuel, si c'est plus datable, je ne saurais pas dire. Une semaine, deux, un mois ? Pas plus. Mais c'est comme la lumière de l'aurore, on ne sait jamais exactement à quel instant elle a commencé à être là vraiment. - Où puises-tu ton inspiration pour t'habiller ?
Dans mon placard. Ca marche mieux que d'essayer d'enfiler les livres de ma bibliothèque, bizarrement. - Ton dernier rêve le plus bizarre ?
Ah, mais tous les rêves sont bizarres (en tous cas les miens, ceux dont je me souviens). Cette nuit j'ai fait un rêve avec beaucoup de synesthésies. Je parlais parfois en noir et blanc, parfois en couleur. - Ask a un humour particulier, quand même :'( (Phesyle)
Ask c'est comme la vie, parfois tu comprends où il veut en venir et parfois pas, parfois tu sais comment répondre et parfois pas, parfois c'est rigolo, parfois c'est gentil, parfois c'est bizarre, parfois c'est intriguant, parfois c'est même génial, et puis parfois ça te rappelle juste à tes mauvais souvenirs. (Phrase hautement philosophique à imprimer sur vos fortune cookies, go copyrighter ça avant que quelqu'un le fasse à ma place.) - Combien de temps faut-il pour oublier quelqu'un que tu aimes ?
On n'oublie jamais quelqu'un qu'on a vraiment aimé.
Le chagrin ou l'absence peuvent s'estomper, parfois quand on découvre qu'il est possible malgré tout d'aimer d'autres personnes, mais on n'oublie jamais. - Est-ce que le mal est vraiment aussi attirant ?
Parfois, pour le plaisir de transgresser, oui. Sinon, ce n'est pas le mal, mais ses autres conséquences (voler pour obtenir quelque chose, par exemple). - Ce que j'aime le moins chez une personne c'est...
Quand elle a les mêmes défauts que moi. Ce sont les défauts que je supporte moins chez les autres. - Publie une photo du coucher de soleil d'aujourd'hui Ou publie une photo du coucher de soleil de la veille!
http://pause-cafe-sans-cafe.eklablog.com/le-soleil-s-est-noye-dans-son-sang-qui-se-fige-a132417152
http://pause-cafe-sans-cafe.eklablog.com/j-ai-voulu-m-aligner-sur-la-cicatrice-du-ciel-a142485026
J'en ai des centaines dans mes archives, je pourrais (devrais ?) faire plein d'albums. Ma vie n'est qu'un écoulement de coucher de soleil en coucher de soleil. - Comment devenir heureux ?
En décidant de l'être, envers et contre tout. Le bonheur est comme la liberté, il relève de l'existentialisme. - Quel est le meilleur fruit ?
Le fruit de ton labeur. - Où as-tu rencontré ton ou ta meilleur(e) ami(e) ?
Sur Internet, comme à peu près 90% des personnes de mes cercles proches. - Aimerais-tu devenir président de ton pays ? Pourquoi/pourquoi pas ?
Je pourrais me dévouer pour faire des trucs cools (genre "okay vous m'avez élue eh bien vous allez bien en chier pendant 5 ans mais on va miser sur l'éducation et tout et dans 15 ans ça ira mieux"), mais mon hypersomnie me rend inéligible. Je m'endormirais aux réunions diplomatiques et aux conseils des ministres... :( - T'es-tu déjà endormie en classe ?
Mon quotidien, bien involontaire :( - Quelle est ta boisson préférée quand il fait très froid le soir ?
La soupe! - Quelle est la chose la plus chère que tu aies cassée?
Un cœur. Parfois, ça me hante encore. - Qu'est-ce qui t'aide à faire le bon choix ?
Une application (The Decider). - Est-ce une bonne idée de se marier jeune ?
Je crois qu'à mon premier mariage je devais avoir 15 ans, peut-être moins. Depuis, j'ai dû me marier plus d'une cinquantaine de fois avec des gens que je rencontrais comme ça, et je n'ai jamais regretté.
Demander en mariage quelqu'un, c'est la meilleure accroche que je connaisse pour faire connaissance avec ladite personne.
Donc oui, sans hésiter. - Comment est-ce que tu te protèges contre les mauvais esprits, le mauvais œil et les beignets sans goût ?
Je demande à la boulangère s'ils sont bien au chocolat avant de les acheter. Puis une fois qu'on a un beignet au chocolat, le mauvais œil et les mauvais esprits ne peuvent plus rien contre nous. - Est-ce facile pour toi d'avouer que tu es amoureux(se) ?
Il n'y a pas d'aveu à faire, ça a toujours été une évidence réciproque. Mais c'est parce que je suis indifférente à l'amour-regard : j'aime, je ne suis pas amoureuse. Ça facilite les choses. - Quel est le sport le plus populaire dans votre pays ?
Le saiks (à raison). - Que ferais-tu si tu savais que tu ne peux pas échouer ?
Tout ce que j'ai déjà prévu de faire. - Es-tu allergique à quelque chose?
La tristesse. - Quelle est la chose la plus folle que tu aies faite ?
Ce n'est peut-être pas la chose la plus folle, mais en tous cas c'est la plus romanesque : il y a un an, j'ai eu un rendez-vous galant dans une cathédrale, avec un garçon que je n'avais jusqu'alors jamais vu (ni en vrai ni en photo), sous les yeux de mes parents (qui ne devaient pas au courant, bien sûr, sinon c'est pas du jeu). Tout ça pour reproduire une scène de roman, sous prétexte qu'il portait le prénom d'un personnage dudit roman.
(Roman ou pas, les cathédrales c'est un bon lieu pour une rencontre.) (Phesyle)
Je confirme. Mais du coup, je n'ai aucun souvenir de ce à quoi ressemble vraiment l'intérieur de la cathédrale de Strasbourg :'( - La première chose sur ta gauche est ton arme dans l'apocalypse des zombies. Quelle est-elle?
Quoi, j'ai déjà passé l'arme à gauche ?! Zut alors. Plus qu'à rejoindre la team des zombies... - Quelle est la chose que tu ne porterais jamais ?
Un truc qui pèse 200 kg. - Pourquoi les latinistes sont-ils si sekesis ? (Phesyle)
Parce qu'on ne peut pas se remettre de l'idée qu'un jeune homme si frais trimballe avec lui une sagesse de plusieurs millénaires ?
Je suis en émoi :O (Phesyle)
En émoi, et moi donc ! - Contrôles-tu ton cœur ou te contrôle-t-il?
Nous ne faisons qu'un. - Qu'est-ce que tu as oublié de faire aujourd'hui ?
Euh... J'ai oublié. - Comment peut-on sauver le monde du réchauffement planétaire ?
En fabriquant plus de frigidaires ? - Erreur 404 ? (Phesyle)
Erreur 404 : réponse spirituelle non trouvée.
Le lien ne fonctionne pas :'( débouche sur 1 erreur 404 (Phesyle)
Ah. Je me disais bien, aussi, que tu me posais une drôle de question. (Bon, c'est pas un orgue de fou non plus, mais il est joliment incrusté dans la pièce, j'aime bien. Dommage qu'il n'ait pas servi :'()
On peut le caresser ? (Phesyle)
Je n'ai pas pu, y avait une chorale et je devais rester du côté des spectateurs :( mais ce serait bien... j'ai jamais vraiment touché à un orgue.
Il faut en adopter un. (Phesyle)
J'aurais pas le courage de l'élever seule. Tu voudrais bien être sa mère avec moi ?
Mais j'ai déjà du mal à m'occuper de moi snouf. ET SI J'ETAIS UNE MAUVAISE MERE ??? (Phesyle)
En fait c'est l'orgue qui va s'occuper de toi. Du coup j'actualise ma proposition : accepterais-tu d'être adoptée par mon futur orgue ?
Owi je rêve d'être occupée par l'orgue. *^* (Phesyle)
Tous les soirs il jouera de la Phesyle. Cela fait de jolies mélodies, parait-il.
Flûte alors ! :O (Phesyle)
Piano, piano, moins fort : on ne jure pas à cette heure-ci...
Violoncelle :'( (Phesyle)
Vermicelle ?
Y a des trucs louches qui flottent dans le potage :'( (Phesyle)
Tant qu'il n'y a pas une couille dans le potage, tout va bien. (je pense ?) - Un jus d'orange sauvage apparaît. :o Partagez-vous ? (Phesyle)
Toujours, et encore plus si c'est avec une demoiselle comme vous.
Ma vie prend une tournure si healthy. (Phesyle)
Il faut dire que là, tu cumules ma compagnie et le jus d'orange... - Préfères-tu le vintage ou les choses neuves ?
J'aime bien les trucs un peu vintage comme @Phesyle ou les Polaroïd, c'est rigolo. Bon, utiles, je ne dis pas, mais... - Quelles choses de «vieux» fais-tu ?
J'adore boire de la soupe, à tout va. Je corresponds sur papier, j'ai appris ce matin que ça aussi c'était un truc de vieux. Et puis je râle déjà parce que le Salon du Livre c'était mieux avant.
J'écris des lettres dans Animal Crossing, ça compte ? (Phesyle)
J'écris des lettres sur mon clavier, ça compte ? :'( - Qu'est-ce qui te motive à sortir du lit chaque matin ?
La vie à rejoindre. - En vrai c'est bof Sand, mais je ne pense pas que ça mérite un tel déversement de haine. (Phesyle)
Oh, entre eux les écrivains ont toujours la pique qu'il faut. C'est dommage pour Sand, j'avais pourtant mis François le Champi dans ma liste (à cause de Proust, ce vilain).
Les écrivains ils sont méchants entre eux c'est dingue. Ils se font des petites crasses par derrière étou. (Phesyle)
En même temps, ils ont le talent pour bien tourner leurs méchancetés. Pourquoi se priver ? - Quelle nourriture te met de bonne humeur ?
Tout ce qui est à base de patate... - Je c ki vous ait, craie niez mon kourou
Si modo est aliquis, qui personam meam sciit itaque loquerit... Sepulcrale est !
OHMONDIEU par Pétrone et Catulle marions-nous ! (Phesyle)
OMG c'est la première fois que quelqu'un me demande en mariage avant que je le fasse !
Le latin c'est sekesi :'( (Phesyle)
Ἀλλά ἐλληνική γλωσσά μᾶλλον ἐστί ! (j'ai pas trouvé de bon dico de thème en ligne, j'ai improvisé :'()
Ça par contre c'est cruel. C'est ma première année de grec. :'( (A la fac en plus, moi je suis pas allée en prépa éo.) J'en suis encore à dire "cheval être sekesi." et compagnie. (Phesyle)
La mienne aussi... (ok officiellement c'est la 2ème mais j'ai juste appris 1 déclinaison, le présent et l'imparfait l'année dernière, là je suis censée tout connaître pour dans 19 jours :'()
Non mais je sais varier aussi, je sais dire "cheval être sekesi mais plante pas". ^-^ (Phesyle)
Comment ça se dit, "plante pas" ?! =o
Flûte en vrai j'aurais dit Ἱππο ἀγαθός ἐστι δε οὐ φυτον. Mais ça sonne plus latin. (je sais pas du tout accentuer et je suis absolument pas en galère avec mon clavier.) (Phesyle)
D'après Bailly c'est bon. Quoique j'aurais plutôt dit Ὅ ἱππός καλλός ἐστιν ἀλλά οὐ τό φυτόν. (Pour les accents on s'en fiche avant l'agrèg' en vrai, dans le doute tu le mets à la fin ça marche très bien)
Je crois que c'est οὐ ἀλλά en plus (Phesyle)
voui voilà j'étais en train de le dire !
ah flûte j'ai oublié un Σ à la fin de hippos (Phesyle)
Ouh la vilaine.
iench ἀλλά comme ils disent :'( (Phesyle)
Je suis outrée par tant de vulgarité.
Quand tu mets pas les désinences dans les langues flexionnelles :'( (Phesyle)
Quand ta langue flexionnelle comporte des désinences suffixes ET préfixes :'(
RIP pleurons (Phesyle)
"Heu nimium fati tempora longa mei !"
Ovide, à ne pas confondre avec • qui est un Oplein et avec l'ensemble vide qui n'a rien à voir. (Phesyle)
*s'incline*
*applaudit*
votre commentaire - Quel endroit de ta ville aimes-tu le plus ?
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Initially written for A., who asked me whether, if I were an ephemeral fly, my life bound to last one day and my fate being thereby subject to the weather lottery, whether I would choose spring. And who asked me, when I said that I would rather choose summer: how would you spend that single summer day?
I would wake up by the sound of birds and crickets... I would look at the sun through the leaves and the wind that moves them. I would go and look at the golden of the wheat and the blue of the sky and I would close my eyes just to see how the sun would paint my eyelids with its warm brown light... I would fly around the poppyflowers if there were some and I would be dazzled by their red. I would take so many naps just for the pleasure of waking up again. Maybe I would not even sleep, I would just close my eyes for a second, laying down on the drape of a flower... There would be too many perfumes to catch to even fall asleep for real... The sun would shine bright and it would seem like forever before it reaches the zenith even. I would fly to the heights of the trees and follow the labyrinths of their branches when they reach for the sky. I would catch the look of a squirrel or a bird... I would already be away, whirling in the air and following some unknown perception – sound or flavor or light or whatever. I would follow anything. I would be curious of everything. I would meet other ephemeral flies and I would race with them forever. We would never stop rushing towards the next shiny thing. We would roll around and pretend to fight and make love. I would fall in love with so many other ephemeral flies and we would have sex until one of us beats an eye and loses sight of the other. In a blink we would forget each other, keeping only the soft memory of maybe something that was bright and joyful but had no name, because the name was forgotten at the same time that the fly disappeared... Or maybe I had forgotten to ask for it in the first place... Or maybe they didn't have a name... Or maybe flies don't even know what names are. But the feeling of endearment and flirt would stay, warm and fresh. I would only ever fall in love, because I would know no other feeling maybe. All would be excitement. I would meet some flies over and over again and each time I would fall in love with them again. I would go to the river and I would taste its shore and taste the very limit at which the water abandons its splashes against the ground, and taste the water too... I would let myself float there. I would play around the ducks and do all kinds of dangerous flips between the heavy drops. Maybe I would try to look underwater. I would try everything. I would try the freshness of the water in the afternoon and I would try the warmth of the sun once you get out of the water. I would do it so many times I would forget when I even started. Then I would contemplate the sparkles of the sun on the river and I would think about so, so many things. I would think of how strange is life and how beautiful is the world and how much happiness there could be. I would think of all the memories I didn't have... If I could even conceive the idea of memories. But maybe then, looking at the water, I could get the intuition of it – that there was a life before now, and maybe a life before my life, or even outside of my world. I would think of my life and life of others... I would fly slowly near the shore and I would find a place hidden between wood moss and I would think this is soft enough and I would lay my eggs there. I would fly around and I would forget about the eggs. I would explore all the sounds of the forest, the reverberations and the leaves... I would try some more things. Everything would be to be tasted. I would walk on trees and find hidden treasures and I would risk being eaten by birds a thousand times more, but I would keep flying and I would never be scared. I would find again some flies that I maybe met some long time ago, and we would fly some more... We would go so high in the sky we would feel dizzy and would not even know if it is possible to come back. But we would eventually and then we would find some leaves on which to lay down or maybe I would go find flowers again... I would think that the weather is fresher than before. Or is it my age that makes my wings shiver like that? I would look at all the changing colors of the sky and at first I would think this is maybe just me but then they would burst into fire and I would lose myself looking at the sunset. I would devour it until its last color. I would cuddle with some other flies maybe, or just cuddle myself and snuggle into a flower petal... I would close my eyes and open them again, not being able to decide whether to sleep or to explore some more. Far away in the sky there would be bright dots but I would not be sure if they exist for real or if they're just my imagination... I would see some shooting star and conclude everything is a dream. The songs of the crickets and birds would change their melody and I would listen to that for hours. I would walk near some vegetables roots and think about the immensity of the world... I would walk forever until by miracle my feet bring me back to the flower I had left. Or maybe another flower, I would not really know but I would know for sure that this is there, this is home. I would stretch my tired legs and wings and I would curl up and close my eyes... I would think: This was a great day.
And I would think: I can't wait for tomorrow.
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Parfois ça arrive quand je m'échappe de la fête. Je suis partie dans une autre pièce, la cuisine, la salle de bain, une chambre adjacente, un jardin, sans doute pour y faire ou y chercher quelque chose ; ou bien peut-être pour respirer un peu et me reposer, l'espace de quelques instants ou pour le reste de la nuit. Peu importe le contexte de la fuite à vrai dire : seul compte cet instant où, d'un coup, je me fige, et où je deviens consciente (non : ultra-consciente) des bruits de la fête dans l'autre pièce. Soudain, je suis absorbée par la fête et sa distance.
Souvent ce sont les rires qui me parviennent en premier lieu : ils viennent comme une vague, ça enfle et ça retombe (ça tonne et ça roule, et tantôt s'écroule, et tantôt grandit...), comme les voix par ailleurs, toujours ponctuées d'éclats, car pour les rires comme pour les voix il y a ceux qui sont plus forts que d'autres. De loin les conversations se mêlent, s'entremêlent et se démêlent, et si je ferme les yeux et que j'écoute assez je pourrais presque me déplacer entre elles, entendre la balance de chacune. Il arrive qu'il y ait les bruits des verres qui tintent aussi, les entrechocs clairs des couverts et des assiettes, tout ce qui trahit le festin appliqué, et là encore si j'écoute assez je pourrais croire distinguer le leitmotiv secret de la cacophonie, le rythme intime des palais qui vient s'enrouler autour des conversations – à moins que ce ne soient elles qui s'enroulent autour de lui. Il arrive aussi qu'il y ait les pas, les déplacements brusques, parfois rapides et parfois lents, les mouvements feutrés des convives dans la pièce où je ne suis plus, comme des empreintes de bruits auxquels nul ne devrait prêter attention, car ils ne sont ni rire ni conversation. Il arrive enfin (et souvent) qu'il y ait la musique qui batte en sourdine, les basses qui deviennent pulsations jusque dans le crâne, et qui n'attendent qu'une porte ou une fenêtre ouverte pour jaillir comme un cri, en reprenant leur forme chants et instruments. Ce sont les sons d'une fête où je ne suis plus, qui trahissent son rythme à travers les murs et leurs interstices, et qui viennent donner sa forme au silence qui m'entoure.
Parfois ça arrive quand je suis au milieu de la fête. Je fais partie de ceux qui rient, je m'exclame moi aussi et moi aussi je me confonds avec le reste de la fête, son délire, ses vibrations – tout ce qui m'enveloppe et au rythme duquel je m'accorde sans même m'en rendre compte. Au milieu de l'ivresse pourtant quelque chose me frappe, un détail, une réminiscence, et d'un coup je deviens spectatrice. D'un coup m'apparaissent de façon évidente les éclairages poussiéreux et colorés, les constellations des groupes, les postures des gens, ceux qui parlent et ceux qui se taisent, ceux qui bougent et ceux qui s'effacent, les directions des regards, les dynamiques des conversations, ce qui dicte les rires et ce qui marque les éclats. Alors l'espace d'une seconde je me fige aussi, et je me vois rire et m'exclamer avec les autres : et l'acuité de cette vision me projette en-dehors de moi-même. Dans un même mouvement je cesse de faire partie de la fête et je la comprends vraiment – je la vois dans son entièreté parce que je m'en sépare, et je m'en détache justement parce que je la vois pour de bon. Je perçois enfin ce qui l'anime, ses flux invisibles et ses lois implicites, ancrés par le pouvoir des conventions et des habitudes sociales, le vertige sous-jacent à la griserie, l'euphorie qui paraît presque superficielle une fois ses mécanismes mis à jour – mais peut-être aussi parce qu'elle rappelle par contraste la solitude qui guette toute sortie de la fête.
Au cœur de la fête ou en dehors d'elle, si, alors que tout vibre autour de moi, si je pense à toi, si je me dis que je voudrais t'écrire, si je me demande où tu es et ce que tu fais, c'est que tu me sauves de cette solitude, c'est que tu arpentes les chemins intimes de mon âme.
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Mon petit cousin devait écrire un poème, pour un devoir, et il a choisi d'écrire un poème qui dit combien Poutine lui court sur les haricots. Quand je l'ai lu, j'ai bien ri, si bien que je l'ai partagé à deux ou trois personnes, pour les faire rire aussi. Mais, au milieu des réactions amusées, quelqu'un que j'aime m'a dit : Il a l'air préoccupé, quand même.
Et là, j'ai arrêté de rire. Parce que la remarque était juste. Parce que je n'y avais pas pensé. Et parce que, maintenant qu'on m'y faisait penser, ça me sautait aux yeux que c'était la première chose à laquelle j'aurais dû penser : qu'un gamin en école primaire invité à écrire un poème l'avait spontanément fait sur Poutine et l'invasion de l'Ukraine. Que ça traduisait une forme de préoccupation qui s'infiltrait jusque chez les enfants. Qu'il avait l'air préoccupé, oui, et que peut-être que c'était ça qui était préoccupant.
Mais je n'y avais pas pensé, parce que j'étais occupée à rire.
L'anecdote est assez inoffensive, en l'occurrence. (Encore que.) Mais quand même, elle s'inscrit au milieu de tout un tas d'autres contextes où je me suis retrouvée à rire de choses qui n'étaient peut-être pas si drôles, quand j'y réfléchissais. Ces choses étaient parfois blessantes, ou graves, et parfois pas. Mais elles avaient toutes en commun de paraître drôles à première vue. Et je crois qu'il est bon de rire des choses, que ça peut même aider à dédramatiser, souvent : mais seulement en second lieu, une fois qu'on a compris pourquoi est-ce qu'on riait.
Parfois l'on rit pour masquer son trouble. Parfois l'on rit et l'on ne remarque pas même que l'on devrait être troublé. Alors maintenant, j'essaye de me souvenir, quand j'ai envie de rire. J'essaye de me poser la question. Demande-toi pourquoi tu ris. Demande-toi si tu as vraiment envie d'en rire. Parce que peut-être que pas, en réalité. Tu serais surprise.
(Mais quand même, le poème était à mourir de rire. Je partagerais volontiers, mais ce n'est pas le mien, et puis, je crains qu'Internet ne soit pas prêt pour un tel excès de drôlerie.)
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Un truc assez joli, dont je ne sais pas quoi faire toutefois, mais puisqu'il faut bien ranger la pensée quelque part : vous saviez qu'il était possible de tracer un triangle équilatéral rectangle (autrement dit un triangle à trois angles droits) si l'on se plaçait sur une sphère ? Et que tous les triangles équilatéraux rectangles tracés sur une sphère ont une superficie correspondant à exactement 1/8ème de la surface de ladite sphère ?
(En vérité, il est possible de calculer la superficie d'un triangle tracé sur une sphère à partir de la somme de ses angles, ou de calculer la somme de ses angles à partir de sa superficie, puisqu'il y a un rapport proportionnel entre ces deux données. Mais ce que je trouve joli, c'est qu'il n'y a pas besoin de faire ce calcul pour deviner la superficie d'un triangle équilatéral rectangle : il suffit juste de s'imaginer couper la sphère en latitude et longitude, et alors la réponse devient tout de suite visible !)
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De lui j'ai connu trois photos, toutes différentes les unes des autres, un peu comme sa façon d'être par ailleurs, parce qu'il était (et continue d'être) le plus grand inconstant que j'aie connu ; mais toutes dans une forme de continuité dissertative, thèse-antithèse-synthèse, chacune apportant un peu plus de recul par rapport à la précédente, d'un point de vue métaphorique comme littéralement photographique.
La première, qui a dû être prise aux alentours du moment où nous nous sommes rencontrés et qui est restée sa photo de profil pendant quasiment un an, consiste en un selfie visiblement pris à l'arrache dans la rue, où la tête est trop proche de l'objectif et sur laquelle les yeux regardent trop fixement l'appareil, avec une expression qui n'a rien de naturel. En bref, il y apparaît mauvais photographe comme mauvais poseur (et même mauvais esthète, car pourquoi se choisir une telle photo de profil ?). C'est une photo que je n'ai jamais pris la peine d'enregistrer, parce que je n'avais aucune raison pour et que par ailleurs je ne l'avais jamais vraiment aimée : que j'ai par conséquent perdue le jour où il a changé de photo de profil – mais pour l'avoir vue et regardée des dizaines et peut-être des centaines de fois, je la connais encore par cœur.
C'est la photo du mec dont on ne sait pas trop ce qu'il fait là, et qui n'a pas l'air de le savoir non plus ; de celui qui n'était pas là le premier jour des cours, à qui il arrivait parfois de sauter des demi-journées de classe sans raison apparente (j'étais un peu fatigué ce matin... m'écrivait-il par SMS quand je m'enquérais de son absence), et qui était toujours en retard quand il venait – même quand on reprenait après la pause, alors même qu'il ne fumait pas, et qu'il n'avait par conséquent aucune raison d'aller se fourrer on-ne-sait-où. C'était le voisin de classe sur la présence duquel il ne fallait pas compter, qui ne savait jamais les devoirs à faire et ne s'en préoccupait pas plus que des commentaires désapprobateurs de la prof, qui était toujours à moitié enrhumé et qui n'avait jamais de mouchoirs sur lui ; c'était le type avec qui j'étais devenue amie parce que justement, j'avais des mouchoirs à lui passer. Une fois passée l'inconstance (comprendre : l'absence de fiabilité), il faisait toutefois un ami tout à fait décent, bien que perché et un peu high, d'après une autre amie à laquelle je l'avais présenté, si bien que nous avions continué à nous voir même après la fin des cours, tous les deux mois, quand nous nous rappelions mutuellement de notre existence – quand je lui demandais de ses nouvelles, et que sa photo apparaissait en petit dans mes notifications, à côté d'un message qui disait en substance ça fait trop longtemps, il faut qu'on se revoie !.
La deuxième photo, qui est apparue peu après que nous ayons pris la décision de nous retrouver plus régulièrement, et qui est restée le temps d'un été seulement, est l'exact opposé de la première : c'est une photo visiblement prise par quelqu'un d'autre, un portrait bien cadré de lui en posture droite, chemise noire et sourire sibyllin, dans ce qui semble être un petit jardin. Il y ressemble tout à fait au Don Juan que j'imagine que ça lui aurait plu d'être et qu'il était sans doute un peu ou, pour reprendre les propos de ma meilleure amie qui avait voulu voir une photo de lui, au bel andalou typique (peu importe ce que ça voulait dire). C'est la photo de l'étudiant intéressé par l'histoire de l'art, les langues, la philosophie, la littérature, capable d'aller jusque dans les expositions de musée les plus obscures, et surtout d'y commenter avec finesse n'importe quelle œuvre ; du fin gourmet qui aurait passé des heures à faire mijoter des épices, pourvu qu'il soit sûr de bien manger ; du type raffiné qui prenait toujours le temps d'enlever ses chaussettes et de les plier en paire dans ses chaussures quand il arrivait chez moi ; de celui enfin qui pouvait investir n'importe quelle conversation, n'importe quel sujet, et y paraître spirituel. C'est sans doute l'une des photos les plus flatteuses qu'il y ait de lui, probablement aussi parce qu'elle ne ment pas sur cet aspect de lui que j'avais appris à connaître après coup et que je n'ai jamais pu perdre de vue ensuite : pourtant c'est une photo que je n'ai jamais réussi à aimer non plus, parce qu'il me semblait qu'elle ne le représentait toujours pas assez justement. Par comparaison, j'aimais presque mieux la première, qui avait au moins l'honnêteté d'être explicitement mauvaise – au fond, j'avais l'impression qu'en montrant cette apparence immédiate de lui, elle était plus véritable que le lisse de la deuxième image.
Mais si on avait mis les deux photos côte à côte, le contraste aurait illustré mieux que n'importe quel autre son inconstance, sa capacité à passer d'un extrême à l'autre, à dire quelque chose en faisant son contraire, avec un flegme qui me surprenait et me fait encore rire quand j'y pense. Entre l'enrhumé et le charmeur, on aurait pu deviner le type qui défendait avec ferveur le minimalisme, avant de me dire dix minutes après qu'il rêvait de recevoir une machine à glace pour Noël ; celui qui me disait qu'il s'habillait systématiquement en noir car il aimait l'élégance sobre de la couleur, avant de préciser : sauf l'été, j'aime bien mettre des vêtements roses ; celui qui me racontait sans sourciller, et tout en avalant une bouchée de porc à la vietnamienne que je venais de lui proposer en apéritif, qu'il avait décidé un mois plus tôt d'être vegan, et qu'il n'avait pas eu de problème à s'y tenir jusque-là. (Quand je l'avais repris sur ce dernier propos, il m'avait répondu avec candeur : mais tu m'avais raconté que c'était ton grand-père qui te les avait données, j'étais trop curieux...) C'était l'étudiant qui était venu en Allemagne parce qu'il devait améliorer son allemand, et qui s'était inscrit à tous les cours d'italien de l'université, parce que c'était une langue dont il était désespérément amoureux ; celui qu'on retrouvait avec tous les Italiens du coin, tant et si bien que presque tout le monde croyait qu'il était italien lui-même. Il me disait : mais je ne parle pas tant de langues que ça... Juste l'espagnol, l'anglais, l'allemand, l'italien, et puis un peu de français... Mais le français ça ne compte pas vraiment, j'ai tout oublié, tu sais... Et puis je lui parlais d'un classique de la littérature française, et je le retrouvais une semaine plus tard à lire ledit bouquin, en langue originale il va de soi. Un inconstant, perdu entre ses aspirations et ses façons d'être.
Alors j'avais sauvegardé la deuxième photo malgré mon désamour pour elle, parce que je me méfiais de celle qui risquait de la remplacer un jour : je me disais qu'avec son absence de talent pour l'auto-représentation, il serait capable de mettre une photo de lui qui me plairait encore moins. (Ou pire, autre chose qu'une photo de lui.) Mais j'avais tort : car la troisième photo, survenue quelques semaines après que nos chemins se soient séparés (littéralement comme métaphoriquement), était la bonne, celle qui lui rendait enfin justice. On l'y voit debout devant une maison au toit en tuiles rouges, avec deux jeunes femmes à sa droite – au loin, on devine des reliefs ibériques et des nuages qu'un début de crépuscule vient dorer. Sur la photo, ils se tiennent tous trois par la taille, et il se penche un peu vers elles, comme s'il voulait être sûr d'apparaître dans le cadre. Je me suis parfois demandé qui étaient les deux femmes – car je sais qu'aucune des deux n'est une amoureuse –, si parmi elles il y avait sa sœur ou une cousine, sa meilleure amie ou son ex qu'il avait prévu de revoir cet été-là, ou bien s'il s'agissait de femmes dont il ne m'avait jamais parlé. Mais je crois que leur identité ne change pas grand-chose à ce que raconte la photo : lui, souriant timidement à côté de deux jeunes femmes riant à pleines dents. Une photo souvenir comme une autre, ni selfie à l'arrache ni portrait étudié, où il apparaît presque en entier devant un paysage de son pays natal, où il ressemble enfin à celui qu'il était.
Sur cette photo je vois enfin le grand gamin aux épaules légèrement voûtées par les doutes, dans une veste en jean qui paraît étrangement trop grande pour lui (ce n'était pas faute de dépasser les 1m80), l'étudiant timide dont le sac menace de tomber des épaules, celui qui ne savait pas très bien ce qu'il allait devenir dans la vie, et si elle ne finirait pas par l'avoir avec ses exigences. À travers la posture penchée et presque bancale, je devine celui qui aurait voulu avoir la certitude qu'on l'aimait, qui ne parvenait pas à croire qu'il le méritait pourtant, sans doute parce qu'il avait du mal à s'aimer lui-même ; celui qui avait toujours peur d'être seul, et qui pourtant n'était jamais sûr d'avoir sa place auprès de quiconque. Tous les détails semblent le trahir, le sourire masquant à moitié la gêne et l'anxiété, les cernes discrets comme pour rappeler les insomnies, le tee-shirt qui laisse transparaître non pas la minceur mais la maigreur maladive ; et puis il y a tout ce que la photo ne dit pas non plus, mais que je sais pour l'avoir connu, que je crois lire dans son regard brillant et qui explique le reste, tous les désirs qui le hantaient et qu'il ne se sentait pourtant pas capable d'assumer, à cause de l'inconstance encore, l'envie d'être peintre et poète, les études d'art et de philosophie, le polyamour et la vie de nomade enfin.
De lui donc j'ai connu trois photos, et encore aujourd'hui quand il m'arrive de penser à lui je crois que ces trois photos se superposent dans ma tête, thèse-antithèse-synthèse, tout ce que j'ai appris à connaître de lui même trop tard : et il m'attendrit a posteriori. Je repense à son inconstance, sa terrible inconstance, et je me demande si j'avais véritablement conscience de ce trait de caractère à l'époque où nous nous fréquentions. Si cela m'était venu en tête, le jour où il m'avait dit : Je crois que ce serait une mauvaise idée de t'aimer ; ou bien si au contraire je l'avais vraiment pris au sérieux – si j'avais vraiment cru qu'il saurait se tenir à cette déclaration.
Mais que voulez-vous : c'était un inconstant...
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Quand je l'ai annoncé aux gens, tout le monde l'a pris à sa façon.
M, qui a été le premier à qui je l'ai dit (parce qu'on avait passé trois jours ensemble juste avant que je me doute qu'il y avait un truc, et que je savais qu'il aurait voulu le savoir le plus tôt possible), m'a répondu : Un plaisir de lire ça au réveil ! et c'était sa façon de dire qu'il ne m'en voulait pas trop.
A (à qui je l'ai dit juste après parce que j'avais envie d'en parler à quelqu'un et que c'était le seul en ligne avec D à cette heure-ci de la nuit) m'a demandé si je l'avais vu venir, et ce que j'allais faire. Puis il m'a dit Ok parce qu'il n'avait rien d'autre à ajouter.
D je ne lui ai rien dit du coup, parce qu'il n'était pas concerné et puis parce qu'il venait de me dire qu'il s'inquiétait pour moi, et que ce n'était vraiment pas le moment d'en rajouter une couche. Quatre ans auparavant je lui avais raconté peu ou prou la même histoire, et il ne l'avait pas très bien pris. (Il m'avait quand même dit : même dans tes plus grands moments de faiblesse, tu parviens à rester séduisante, et la pensée que quatre ans plus tard je puisse rester séduisante malgré la faiblesse me consolait un peu.)
V ça a été un peu dur de lui dire, parce qu'il avait pris soin de moi quand ça n'allait pas, alors même qu'il savait combien ça risquait de lui coûter, et ça me faisait mal au cœur de lui niquer sa journée. Mais il m'a répondu que le plus important c'était que j'aille bien, et puis il m'a dit que j'avais oublié mon Tupperware chez lui.
I et E je leur ai dit un peu en même temps, avec quasiment la même blague. I m'a répondu avec un message choupi en me disant que j'avais fait de mon mieux, et E m'a dit : D'accord, merci de m'avoir prévenue.
F m'a demandé où est-ce que j'étais, et G m'a dit Profites-en pour rester chez V et passer du temps avec lui, alors j'ai dû lui répondre que ce n'était pas vraiment envisageable, à mon grand dam.
L ça a été encore plus dur que V de lui dire, parce qu'elle venait de recevoir une nouvelle bien pire que ça, et que ça me désolait de devoir lui dire ça par-dessus. Elle n'a pas dit grand-chose, ce qui je crois était sa façon de faire face à l'adversité. Plus tard elle m'a appelée ma douce, et je me suis dit qu'à défaut d'aller bien, elle ne devait pas trop m'en vouloir.
Ma cousine m'a dit qu'elle avait un resto chinois prévu dans la semaine, et que j'étais la honte de la famille, avec un smiley qui sourit et qui pleure à la fois. J'ai ri, vite-fait.
W m'a envoyé un message audio de 4 minutes, qui commençait par : That is very unfortunate indeed, ou quelque chose comme ça. J'ai pensé à H, qui aurait bien rigolé en entendant ça.
H n'a pas décroché quand je l'ai appelé, alors qu'il est pourtant toujours réveillé à 3h du matin, donc je lui ai dit par message aussi. Le lendemain, il m'a dit : Tu es où là ? Bonjour. Tu m'inquiètes. et c'était visiblement vraiment dans cet ordre qu'il avait écrit ses messages.
B m'a dit : Je savais qu'il y avait un truc, aussi. Rien d'autre n'aurait pu t'empêcher de venir en cours ! et c'était assez vrai.
S m'a envoyé un gif d'un chaton qui a l'air horrifié.
Ma meilleure amie a répondu avec des messages en majuscules pleins de mots que je ne peux pas répéter ici, mais qui voulaient dire que la vie était une chienne.
Sur le groupe familial on a parlé d'isolement et tout le reste, et ça m'a fait plaisir que tout le monde se montre un peu responsable.
Mon frère que j'avais vu deux jours avant était visiblement trop tête en l'air pour se sentir concerné. Mon grand-père qui galère avec son portable m'a envoyé deux SMS pleins d'amour, quand même. Ma maman m'a dit : Tu veux que je t'apporte du jus d'orange ?
Ma tante m'a appelée exprès pour savoir comment est-ce que je pensais que ça m'était arrivé.
P m'a regardée avec ses grands yeux noirs et il m'a demandé si ça allait. Je lui ai dit que oui, et il ne s'est pas posé plus de questions que ça.
Je l'ai dit aussi à une inconnue que j'aidais pour ses devoirs sur Internet, je ne sais pas trop pourquoi. Elle m'a demandé trois fois si je préférais qu'elle me laisse me reposer, mais je lui ai dit que non, que ça allait. Que vas-y, on irait jusqu'au bout de tes exercices, là.
Finalement je n'ai contaminé personne, et puis mes symptômes ont duré deux jours seulement. Bref, c'était bien la peine.
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