• Pourquoi tu ris

     Mon petit cousin devait écrire un poème, pour un devoir, et il a choisi d'écrire un poème qui dit combien Poutine lui court sur les haricots. Quand je l'ai lu, j'ai bien ri, si bien que je l'ai partagé à deux ou trois personnes, pour les faire rire aussi. Mais, au milieu des réactions amusées, quelqu'un que j'aime m'a dit : Il a l'air préoccupé, quand même.

      Et là, j'ai arrêté de rire. Parce que la remarque était juste. Parce que je n'y avais pas pensé. Et parce que, maintenant qu'on m'y faisait penser, ça me sautait aux yeux que c'était la première chose à laquelle j'aurais dû penser : qu'un gamin en école primaire invité à écrire un poème l'avait spontanément fait sur Poutine et l'invasion de l'Ukraine. Que ça traduisait une forme de préoccupation qui s'infiltrait jusque chez les enfants. Qu'il avait l'air préoccupé, oui, et que peut-être que c'était ça qui était préoccupant.

     Mais je n'y avais pas pensé, parce que j'étais occupée à rire.

     

     L'anecdote est assez inoffensive, en l'occurrence. (Encore que.) Mais quand même, elle s'inscrit au milieu de tout un tas d'autres contextes où je me suis retrouvée à rire de choses qui n'étaient peut-être pas si drôles, quand j'y réfléchissais. Ces choses étaient parfois blessantes, ou graves, et parfois pas. Mais elles avaient toutes en commun de paraître drôles à première vue. Et je crois qu'il est bon de rire des choses, que ça peut même aider à dédramatiser, souvent : mais seulement en second lieu, une fois qu'on a compris pourquoi est-ce qu'on riait.

     Parfois l'on rit pour masquer son trouble. Parfois l'on rit et l'on ne remarque pas même que l'on devrait être troublé. Alors maintenant, j'essaye de me souvenir, quand j'ai envie de rire. J'essaye de me poser la question. Demande-toi pourquoi tu ris. Demande-toi si tu as vraiment envie d'en rire. Parce que peut-être que pas, en réalité. Tu serais surprise.

     

     (Mais quand même, le poème était à mourir de rire. Je partagerais volontiers, mais ce n'est pas le mien, et puis, je crains qu'Internet ne soit pas prêt pour un tel excès de drôlerie.)

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Mai 2022 à 16:07

    C'est vrai qu'aujourd'hui nous avons tendance à plus facilement tendre les informations que nous percevons vers la dérision. Cela permet de dédramatiser après tout. Malheureusement, cela ne devrait pas être le cas pour tout et dans toutes les situations, mais je comprend qu'actuellement, avec toutes les informations auxquelles nous devons faire face, nous fatiguons rapidement et donc nous essayons de rendre l'actualité plus "agréable".

    -covid- -guerre en ukraine- -vladimir poutine imprévisible- -corée du nord imprévisible- -pauvreté et croissance de la dépression parmi les étudiants français- -le gouvernement américain qui veut revenir sur l'avortement-

    Un moment on a envie que ça s'arrête, et de se dire que, malgré tout cela, la vie est belle et vaut le coup d'être vécue ma foi ! (Plus facile à dire qu'à faire -_-)

     

    J'espère que ton cousin n'est quand même pas trop perturbé par la situation actuelle, qu'il se renseigne mais qu'il se consacre principalement à son bonheur et à ses passe-temps. Un moment, il faut assumer que certaines choses puissent être insaisissable et que ce sont "des affaires d'adultes".

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    2
    Jeudi 5 Mai 2022 à 19:34

    Oh, un jeune artiste incompris!/paff/

    En vrai dédramatiser ça peut aider à rester rationnel dans PLEINS de situations, et ça peut aider à gérer plutôt que paniquer et finir par freeze cérébralement et physiquement. Mais c'est vrai que dans d'autres cas il est important de se rappeler de l'importance du sujet et la façon dont c'est tourné. Rire, mais ensuite se rendre compte pour réagir. :o

    Après, j'ai remarqué que chez certains gosses c'est plus parce qu'ils ont capturé la lassitude des parents. Parce que beaucoup de gosses entendent les adultes râler (même sans forcément comprendre), avoir peur, se méfier, et ça déteint sur eux. Du coup ça leur casse les pokéballs mais par extension... parce que les parents en parlent tout le temps à toutes les sauces (sans pour autant avoir l'intention de réagir en faisant des dons, proposer un refuge, ou autre..).

    Force à ton frangin, c'est un génie. (et rip, j'aurai trop aimé voir le poème. x)

    3
    Lundi 16 Mai 2022 à 20:42

    Bonsoir

       C'est vrai que les enfants sont influencés par les réactions de leurs parents aujourd'hui. Beaucoup plus qu'avant, dans mon "jeune temps" par exemple, quand j'avais dix ans en 67 ... : l n'y avait pas d'info en continu, il n'y avait que les journaux, les parents avaient leurs idées mais les discussions étaient moins enflammées qu'aujourd'hui, seules les actions comptaient. Donc les enfants n'étaient pas inclus, et pas là "étrangers" à la politique. Je me souviens tout de même de l'année 68, mon père, plâtrier, avait fait grève 3 semaines, soutenu par son patron artisan ex réfugié espagnol anti franco. 

          Aujourd'hui, mon petit fils (7 ans) n'est pas le dernier à se mêler de nos conversations politiques avec une certaine inquiétude qu'il détecte, je pense, sur les réactions de ses parents. Ton petit cousin a donc une réaction très positive. Autre temps, etc, etc ... !

      Amicalement

    Pierre

       

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