• Une tête d'ogre à la calvitie douteuse, un corps de vache rose, et des jambes de Shadock (avec un oeuf en métal qui tombe : PONK !)

     

    Une tête d'éléphant bizarre et un gros corps avec quatre cases à la place du ventre (qui est la localisation du cerveau, comme nous le savons tous), le tout émergeant d'un cactus

     

    Une tête en passoire complexe, un corps de chauve-souris, et des jambes dans un fauteuil roulant

     

    Une tête de bouclé sur un corps de serpent ayant avalé beaucoup de bonhommes (dont un qui crie à l'aide), corps lui-même issu d'un escargot avec sa coquille

     

     

     Cadavres exquis-minute, réalisés un soir d'errances tardives, avec la collaboration d'un certain Monsieur Gaeldr. Remerciements tout particuliers aux Shadocks pour l'inspiration fournie.


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  •  Toute chose minuscule et insignifiante que je sois au sein de l'univers, il m'arrive parfois d'avoir la prétention de penser que j'aimerais le réinventer, ou bien en changer ne serait-ce qu'un ou deux principes. Je m'imagine ainsi que cela pourrait peut-être le rendre un peu plus étrange ou amusant, voire même plus poétique – un peu plus proche de cette fausse étymologie qu'on pourrait lui inventer si on coupait le mot en deux, uni-vers : et l'univers serait le vers uni, le monostiche dans lequel s'harmoniserait la matière existante, la poésie englobant et liant tout élément...

     

     L'expansion de l'univers, par exemple, est un phénomène qui fait que les objets de l'univers ont tendance à s'éloigner les uns des autres à mesure que l'espace de l'univers gonfle. Cela fait qu'il y a de plus en plus de distance entre nous et les étoiles lointaines, et que donc celles-ci sont difficilement observables – explications techniques : c'est parce que d''une part, leur luminosité est inversement proportionnelle au carré de leur distance (une formule magique qui dit que les étoiles très très loin sont très très très très peu lumineuses), et d'autre part, le phénomène de décalage vers le rouge (promis, ce n'est pas un gros mot) dû à l'expansion de l'univers fait que la lumière émise par certaines galaxies lointaines est invisible pour nous. En très très vulgarisé, j'espère n'offenser aucun cosmologue.

     

     Mais s'il n'y avait pas d'expansion de l'univers, si l'univers restait sagement dans son coin au lieu de grandir à tout va, nous pourrions imaginer qu'il serait possible de voir toujours plus d'étoiles dans notre ciel nocturne. En effet, puisque notre univers a 13,8 milliards d'années, notre horizon est limité à 13,8 milliards d'années-lumière, et nous ne pouvons voir que les étoiles qui se trouvent dans ce rayon-là. Suivant cette logique, plus les années passeraient et plus nous verrions notre ciel se consteller d'étoiles : dans 400 000 milliards d'années, nous pourrions voir toutes les étoiles se situant à moins de 413,8 milliards d'années-lumière de nous, et alors, peut-être que ce jour-là il y aurait tellement d'étoiles que le ciel serait blanc la nuit... Le soleil couchant ne laisserait plus place alors à l'encre constellée de la nuit, mais peut-être à un éclat diamantin brillant de toute part, ou à un voile blanc et tendre dans lequel on pourrait distinguer quelques points plus lumineux que d'autres... Qui sait ?

     Dans un tel univers, il serait possible de penser que ceux qui croient voir une lumière blanche au seuil de la mort n'auraient en réalité qu'une vision d'un futur lointain où le ciel serait devenu blanc – peut-être la vision de la dernière nuit de l'univers avant sa fin. A la question Pourquoi le ciel est noir la nuit ?, on pourrait répondre que ce n'est que pour garder un peu de place pour les étoiles à venir, et qu'un jour il serait intégralement peuplé par les astres. Peut-être que ce jour-là, lorsque la nuit brillerait de plus de mille feux, les enfants n'auraient plus besoin de veilleuses, et les cauchemars n'existeraient plus. (Peut-être même que ce jour-là les cieux de jour apparaîtraient fades à côté, et qu'on se mettraient à dormir le jour.) Lors des moments moroses de l'existence, on pourrait se dire qu'inévitablement, le ciel est destiné à s'éclaircir. L'expression nuit blanche ne ferait plus penser aux insomnies mais à des cieux lumineux et permanents. On pourrait pointer les étoiles du doigt sans avoir à plaindre leur solitude, car on saurait que d'autres finiraient par venir les rejoindre dans leur petit coin de ciel. Bien évidemment, dans cet univers, le ciel blanc n'appartiendrait qu'à un avenir lointain, à une temporalité inimaginable. Mais le simple fait de pouvoir le situer dans le domaine des possibles, à coup sûr, rendrait la vie lumineuse.

     

     Je n'ai passé que quelques heures de ma vie à contempler cette image de ciel blanc dans ma tête, avant de savoir que l'expansion de l'univers le rendait impossible, mais la vision m'a fascinée – et aujourd'hui encore, alors que je sais qu'elle est impossible, elle continue de me fasciner. Parfois, quand j'y repense, je me dis que j'aimerais réinventer quelques principes de l'univers, rien que pour la rendre possible... Et je me rappelle que notre univers est déjà doté d'assez bien de poésie pour nous faire rêver (et parfois même imaginer l'impossible), qu'il y a au fond un peu de mauvaise foi à prétendre qu'il manque un ciel blanc à l'univers. Et puis, dans un univers où le ciel serait blanc, combien serions-nous à rêver d'un firmament constellé de seulement quelques étoiles ?

     

     


     

     J'ai choisi de publier cet article dans le cadre d'Eklabugs – si vous ne connaissez pas le projet, je vous invite à aller ici. Voici les liens des autres articles publiés lors de cette session :


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  •  Avant-hier, c'était l'anniversaire de P. qui fêtait ses 4 ans (je dis P. par souci de préserver son identité sur Internet, mais je sais qu'il y en a quelques-uns ici qui le connaissent et qui sauront de qui je parle).

     Conformément à son souhait, je l'ai emmené chez le fleuriste – P. adore les fleurs (il est capable d'en manger, c'est dire), et son rêve, c'est de devenir fleuriste plus tard. Là-bas, nous nous sommes promenés entre les rayons. Il a pris soin de poser son regard émerveillé sur chacun des végétaux présents, des bouquets composés aux plantes en pot, et il s'est même amusé à aller en renifler quelques-uns de plus près – le moins qu'on puisse dire à ce sujet, c'est qu'il a un grand nez doté d'un sacré odorat. Puis nous nous sommes décidés pour un gros bouquet de fleurs jaune vif (le jaune est sa couleur préférée, avec le vert amande), auxquelles la fleuriste a gentiment ajouté quelques fleurs blanches, et nous sommes repartis.

     

     Une fois que nous fûmes sortis du magasin, P. s'est mis à me raconter pour la énième fois qu'il voulait devenir fleuriste plus tard, qu'il aurait plein de fleurs partout chez lui et dans son magasin, et qu'il en aurait même tellement qu'il pourrait aussi en donner aux gens pour qu'ils les donnent aux gens qu'ils aiment – ou qu'ils les mangent, selon qu'ils soient humains ou herbivores je suppose. Il m'a dit qu'il y aurait des fleurs de toutes les formes, tailles et couleurs, et que son magasin serait ouvert jour et nuit, au cas où quelqu'un aurait un besoin urgent de fleurs – car il semble considérer les fleurs comme aussi vitales que les pompiers ou certains médicaments de pharmacies. Tu sais, les fleurs c'est joli et ça sent bon, et ça rend les gens heureux, alors c'est important !

     

     Puis il s'est tu et il a commencé à réfléchir sur les fleurs. (Je dois avouer que parfois, sa tendance à méditer silencieusement aussi longtemps m'étonne presque autant que les propos qui sortent de sa bouche quand il parle.) Après quelques minutes de silence, il a repris la parole :

    – Mais les fleurs, quand on les cueille, elles sont mortes après ?

    (À ce moment-là, j'ai eu besoin de réfléchir un peu pour déterminer à quel moment on pouvait considérer une fleur comme morte – et même si on pouvait considérer une fleur comme vivante. C'est moins évident que ça n'en a l'air, mais j'ai fini par décider qu'une fleur était encore vivante si elle pouvait absorber de l'eau dans un vase pour dépérir moins vite, en espérant ne pas faire honte aux spécialistes de biologie.)

     J'ai été obligée de concéder que les fleurs, une fois cueillies, étaient nécessairement destinées à mourir très vite, et que si toute fleur se fanait un jour ou l'autre, il fallait bien admettre que les cueillir accélérait le processus. Il n'a pas eu l'air d'apprécier du tout ma réponse, et il s'est remis à réfléchir en silence, cette fois-ci avec une petite mine inquiète – comment pouvait-il devenir fleuriste, si cela impliquait de tuer des fleurs ?

     

     Finalement, alors que nous étions presque arrivés à la maison, il m'a dit qu'il avait réfléchi, et qu'il avait trouvé une solution. C'était très mal de tuer des fleurs, même si elles étaient belles, et il ne pouvait pas faire ça avant qu'elles ne s'apprêtent à faner (parce que si quand on cueille une fleur, elle meurt trois jours après, eh bien si on sait qu'une fleur va faner dans trois jours, on sait qu'on peut la cueillir et que ça ne change rien non ? Les fleurs ça ne souffre pas, et puis au moins comme ça quand elles sont cueillies elles se baladent un peu...). Il avait donc résolu d'inventer une nouvelle façon de faire.

     Les gens viendraient chez lui commander des bouquets pour les gens qu'ils aiment, et lui, P., se chargeraient de planter exactement les fleurs qu'il faudrait devant la maison des gens en question, ou alors pas exactement devant leur maison mais sur un chemin qu'ils empruntent régulièrement. (Et puis si la personne veut un bouquet avec plusieurs fleurs différentes, il suffira de planter plusieurs graines différentes dans la terre, donc ça va, c'est facile à faire !) Comme ça, la personne à qui on voulait offrir le bouquet le découvrirait en sortant de chez elle le matin : à la différence près que ça ne serait pas un bouquet de fleurs mourantes, mais tout simplement des fleurs en train de pousser sous ses yeux. Tous les jours, elle pourrait admirer la progression des fleurs en se disant que ces fleurs ont été plantées rien que pour elle. Vers la fin, si elle le voulait, elle pourrait les cueillir pour en faire un bouquet, ou bien elle pourrait laisser les fleurs avec leur maman-branche. Mais dans tous les cas, P. n'aura pas tué de fleurs pour rendre les gens heureux, et les gens auront profité plus longtemps des fleurs ; et puis, ça permettrait aussi de faire profiter de ces fleurs à tout le monde, puisque n'importe qui passant dans la rue pourrait aussi les voir. Et tout le monde serait content.

     P. a réfléchi un peu, puis il a ajouté qu'il planterait aussi d'autres fleurs dans les espaces libres, gratuitement, pour que les éléphants, les vaches, les moutons et les autres herbivores qui passeraient par là puissent en profiter et les manger.

     

     Quand il m'a raconté ça, je l'ai regardé, et je me suis dit qu'au-delà des fleurs, il venait – une fois de plus – de m'offrir un monde dans lequel il serait formidable de vivre.


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  •  Aujourd'hui (ou plutôt hier, vu l'heure), en traversant un parc, je me suis rendu compte que c'était en fait parfaitement logique que l'herbe nous apparaisse comme plus verte ailleurs. Comme c'est quelque chose dont il me semble que les gens s'étonnent toujours, voici la petite explication :

     

     Il se trouve que les brins d'herbe poussent de façon inégale sur le sol, ce qui est facilement constatable quand on regarde l'herbe à ses pieds et qu'on distingue par morceaux la terre en-dessous.

     Mais il se trouve aussi que les brins d'herbe ont une hauteur non-négligeable (au moins quelques centimètres) ainsi qu'une surface moins fine qu'il n'y paraît (au moins quelques millimètres de large). Pour la vue, un brin d'herbe couvre donc beaucoup plus de terre que ce n'est en réalité le cas (puisque la superficie du brin d'herbe est très largement supérieure à l'aire de contact avec la terre).

     Cette illusion est accentuée par deux choses, à savoir le port de tête des brins d'herbe (ils sont légèrement penchés les uns sur les autres), et leur multitude (ils sont foule et foule). Par conséquent, de loin, et quand on regarde une surface de terre depuis un angle inférieur à 90° (qui est le seul angle nous permettant de voir exactement de quelle superficie de terre jaillissent les brins d'herbe), on a l'impression qu'il y a beaucoup plus de brins d'herbe qu'il n'y en a en fait.

     

     Donc, quand on regarde ailleurs, l'herbe nous semble plus verte, puisque la disposition des brins d'herbe fait qu'ils masquent les petits coins où la terre est nue. Tandis que quand on regarde là où on est, on est bien placés pour voir qu'il n'y a pas d'herbe partout dans notre coin à nous. Et c'est pour ça que l'herbe paraît toujours plus verte ailleurs que là où on pique-nique. Mais ça ne veut rien dire : c'est juste une question de mathématiques, de physique et d'optique.

     Alors, comme maintenant vous savez que c'est une illusion d'optique, il faut apprendre à ne pas vous en formaliser, et à vous asseoir au premier coin d'herbe que vous trouvez. De toute façon, si la terre vous gêne vraiment, vous pouvez toujours essayer de squatter le manteau de votre voisin.


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    Sous le grave orage

    Le bruissement de la pluie

    Et du pétrichor.

     

     


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  •  Cicatrice, balafre... Dans ma tête, ces traits blancs n'ont pas d'autre nom. Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, j'aime leur présence dans le ciel.

     

     

     

     PS : merci à Y.O.K.O. qui m'a aidée à choisir les bonnes photos grâce à ses conseils esthétiques, et merci à Mrs Robinson qui a contribué au choix final !

     


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  • « Comme ils ont inversé la droite et la gauche, 
    en Angleterre ils conduisent à l'envers par rapport à nous. » 


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