•  L'autre jour, j'ai repensé à cette histoire (qui date un peu mais reste connue) de la chanteuse célèbre qui avait fini ruinée et qui avait failli crever à cause de ça. Je pense que vous voyez de qui je parle, mais dans le doute, je me permets de récapituler l'histoire brièvement.

     Cette chanteuse — je ne me souviens plus de son nom mais peu importe —, donc, avait sorti un certain nombre tubes, un été, et elle était très rapidement devenue célèbre (elle qui la saison d'avant était totalement inconnue), sans doute parce que ses chansons plaisaient et qu'elles avaient un côté estival agréable ; bien qu'à vrai dire elle ne soit pas restée dans le top 50 plus que ça, puisque sitôt l'automne arrivé elle cessa sa production, et on entendit de moins en moins parler d'elle. Le fait est que sa montée tout comme sa déchéance fulgurantes lui valurent de se retrouver bien vite ruinée, son train de vie n'ayant vraisemblablement pas pu s'adapter aux circonstances, et quelques mois après elle se retrouva complètement ruinée — en fait, elle pouvait même plus se procurer de quoi manger. Bon, ce n'est pas une histoire extraordinaire ; des gens célèbres qui finissent ruinés parce qu'ils dépensent un peu trop, ce n'est pas quelque chose de rarissime (à se demander s'ils connaissent la valeur de l'argent, n'est-ce pas ?). Mais en fait, ce qui m'a marquée dans cette histoire, c'est le fait que personne n'ait voulu l'aider, cette chanteuse. C'est là que s'est construit le mythe : elle avait été voir une proche (une amie ou quelqu'un de sa famille, ou une voisine peut-être, ou je ne sais plus, une proche quoi) pour lui demander de lui prêter de l'argent, et cette dernière s'était carrément moquée en lui disant, en substance : "Ca t'a pas réussi d'être chanteuse, convertis-toi au strip-tease, ça te rapportera plus !".

     La plupart des gens, quand on leur rappelle cette histoire (non qu'elle soit si exceptionnelle, mais la réplique marque un peu, avouez), ont tendance à blâmer la chanteuse, cette pauvre qui aurait dû être prévoyante sur la vie. Plus rares sont ceux à voir le tort de celle qui n'a pas voulu l'aider, et je pense que c'est parce que c'est trop évident qu'elle (l'amie) a le mauvais rôle de l'histoire, et que ça paraît tellement évident qu'on cherche à la défendre, en rappelant qu'elle, elle bossait sérieusement, et tout, pas comme la chanteuse, là.

     

     Pour ceux qui ne voyaient pas de qui je parle, la chanteuse, c'est elle :

     

    LA CIGALE ET LA FOURMI

    La Cigale, ayant chanté
                      Tout l'été,
    Se trouva fort dépourvue
    Quand la bise fut venue.
    Pas un seul petit morceau
    De mouche ou de vermisseau.
    Elle alla crier famine
    Chez la Fourmi sa voisine,
    La priant de lui prêter
    Quelque grain pour subsister
    Jusqu'à la saison nouvelle.
    Je vous paierai, lui dit-elle,
    Avant l'août, foi d'animal,
    Intérêt et principal.
    La Fourmi n'est pas prêteuse ;
    C'est là son moindre défaut.
    Que faisiez-vous au temps chaud ?
    Dit-elle à cette emprunteuse.
    Nuit et jour à tout venant
    Je chantais, ne vous déplaise.
    Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
    Et bien ! dansez maintenant.

     

     Eh ! Vous pensiez vraiment que La Fontaine, poète fauché qui devait se placer sous la protection d'un mécène pour pouvoir composer ses fables, blâmerait une artiste ruinée ?


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  •  En me connectant aujourd'hui, je suis tombée sur une publicité trop cool. (Les carrés de publicité sur Internet, en général, ça craint, vraiment. Adblock, que je t'aime.) (Pourtant, de manière générale, j'apprécie plus les publicités que la plupart des gens. C'est assez fascinant, d'observer tous les procédés mis en place pour vous vendre, je ne sais pas, un bête hachis parmentier. Mais les publicités sur Internet ont une fâcheuse tendance à être un cas à part.)

     Je suis tombée sur une publicité vraiment trop cool, donc, et pour ne pas faire durer le suspense, la voici :

    Publicité tellement canon

    (Cliquez sur l'image si vous voulez accéder audit site, qui vous permettra de trouver des stages et offres d'emploi dans l'informatique, le développement, le multimédia, etc. (toutes mes excuses si je n'ai pas utilisé le jargon approprié), ou bien de lancer vos offres, si vous êtes recruteurs.)

      Je suis fan de Harry Potter, alors évidemment, ça m'a fait beaucoup rire. Enfin une publicité sympa avec une référence cool et tout ! Les petites icônes sont marrantes et mignonnes, la façon de présenter les choses est amusante... C'est une publicité agréable, qui fait sourire, quoi, et pas aguicheuse (je veux dire, je la trouve assez "honnête", cette publicité). J'étais contente, c'était typiquement le genre de publicité qui me plaisait, qui me faisait penser que les publicités, ce n'est pas toujours de la pollution visuelle. (Je devrais écrire un autre article sur les publicités, un de ces jours.)

     Bon. Cela dit, c'est faux. On peut tout à fait dire son nom, et la preuve, Harry l'a très bien fait. Tout comme il a choisi sa maison (et ça, si vous ne l'aviez pas compris dans le tome 1, c'est carrément explicité dans le tome 2, alors, hein). Quant à son mentor... Evidemment, il a choisi de lui-même de suivre les conseils de Dumbledore et tout le bordel.

     Mais, et en regard des Thanatonautes de Bernard Werber, que j'ai dû lire quand j'étais, genre, en 5ème (j'ai toujours été une lectrice précoce de Werber), je m'interroge tout de même sur cette dernière affirmation.

    La couverture des Thanatonautes, ou tout du moins de l'exemplaire que j'ai lu en 5ème, dont le prix est inscrit en francs au dos. (En cherchant sur Google, j'ai appris que depuis, ils ont fait une BD du truc. Si vous êtes intéressés...)

     Dans les Thanatonautes, un personnage (je ne vous dis pas qui histoire de ne pas spoiler, eheh) apprend à un moment qu'il a en fait été adopté, et, alors qu'il n'avait justement jamais vraiment aimé sa famille jusque-là, il commence à l'apprécier et à la voir sous un jour nouveau ; il se fait alors la réflexion que Saint-Exupéry avait tort, et qu'on ne choisissait pas ses amis, mais qu'on pouvait quand même choisir sa famille. (J'écris vraiment comme une patate, là. J'espère que je ne vous ai pas perdus...)

     Je ne suis pas fan de Werber. Il essaye d'être original, mais pour l'avoir pas mal lu, il revient souvent (toujours ?) aux mêmes idées, aux mêmes types de personnages, etc., et il se complaît beaucoup dans ce qu'il écrit. N'empêche que. Cette réflexion était intéressante en ce qu'elle renversait tous nos présupposés sur l'idée du choix. Notre personnage a choisi sa famille en ce qu'il a choisi de la considérer en tant que telle et de l'accepter. Quant à ses amis, il considère qu'ils se sont imposés à lui. Quelle relation a réellement été choisie ? La réponse est-elle vraiment si évidente ?

     Peut-être qu'Harry a choisi sa maison, mais a-t-il vraiment choisi Dumbledore ? En renversant encore la perspective, quand il a choisi Gryffondor, l'a-t-il choisi de lui-même, ou simplement influencé par ce qu'il avait entendu ? C'est un mouvement d'aller-retour entre deux réponses opposées (celle clamant le choix, celle affirmant le non-choix) qui peut être perpétuel. Difficile de trancher. Tout de même : la publicité était fausse. Mais tellement cool.

    (Je n'avais pas prévu d'arrêter là mon article, mais ça sonne bien, comme conclusion. Et puis ça commençait à être un peu long, alors... Je me réserve le développement sur le choix, la liberté, et tout le développement potterien autour (parce que si, y en a un, et si vous aviez lu le dernier hors-série de Philosophie Magazine qui portait sur Harry Potter, vous le sauriez !) pour un potentiel-futur-article... Qui sait ?


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  • alias « Article vous révélant ma condition d'étudiante ».

    (alias « Article sans substance ni intérêt, et dix fois trop long pour rien du tout : passez votre chemin »)

     

     L'autre jour, j'ai loupé la cantine — ce qui est mal, quand on sait que vos parents l'ont payée au trimestre, et que ce repas payé-non-consommé, vous devrez aller le trouver ailleurs en payant avec vos propres sous. 

     J'ai loupé la cantine, donc, et il me fallait par conséquent aller acheter de quoi me sustenter, et, en bonne étudiante, c'est sans hésitation que je suis allée à Picard (vous savez, le magasin de surgelés), où je me suis trouvée face à un hachis parmentier à la viande de canard dans un joli emballage, et ce, juste à côté du hachis parmentier « 5 minutes chrono ». (J'aurais dû prendre la photo, rien que pour vous montrer le contraste entre les deux.)

     Là, j'ai tergiversé, un peu. Bon, les deux étaient en promotion, et y avait une différence de 70 centimes entre les deux. C'est rien, et pour toute étudiante que je sois, je n'allais pas me mettre à chipoter. D'un autre côté, j'avais loupé la cantine, et je n'étais pas censée non plus louper la cantine pour acheter des trucs de luxe (pour autant qu'on puisse dire qu'il s'agissait d'un produit de luxe : ça coûtait 2,50€), et puis il ne fallait pas que je commence à prendre des habitudes dépensières.

     Et puis j'ai eu honte de débattre toute seule dans ma tête, plantée là devant un congélateur Picard, pour un truc aussi minable qu'une discussion d'argent. Et puis en plus, le hachis parmentier de luxe constituait une plus grande portion que le hachis parmentier à 70 centimes moins cher. Et puis en plus, ce n'était pas tous les jours que y avait ça à Picard. Et puis en plus, j'avais déjà goûté le hachis parmentier « 5 minutes chrono », donc comme ça je pourrais faire un comparatif.

     J'ai donc acheté le hachis parmentier au canard ; et en effet, y avait une sacrée différence. D'une part, y avait vraiment du gratiné sur la couche supérieure, et ça c'était vraiment cool. D'autre part, la portion était plus grande, donc ça c'était chouette aussi. Puis la viande de canard était vraiment bonne en dessous : ça avait meilleur goût, et l'ensemble était moins sec. J'étais assez contente d'avoir choisi le plaisir au-dessus d'une bête question d'argent (l'argent, ce n'est jamais qu'un moyen d'accéder à des choses qui nous font plaisir, mais ce n'est pas une fin en soi ; ou du moins quand ça l'est ça devient malsain). Puis, pour 70 centimes, quoi !

     Et puis je me suis souvenu que j'aimais beaucoup le « 5 minutes chrono » aussi, et qu'il était bon quand même. Et que, de manière générale, j'aimais bien manger. Et qu'il était fort vraisemblable que quelque soit mon repas, j'aurais été heureuse, ce soir-là. J'ai souri. Encore une anecdote insignifiante qui, dotée du goût de ma dernière bouchée de hachis parmentier, prenait son sens en ce qu'elle fut vainement source de réflexions, mais, non-vainement car ce n'est jamais vain, source de complicité avec la vie. L'art de réfléchir sur une poussière et de sourire face à une goutte de rosée, d'être absurde pour les autres mais entière face à soi-même, et très certainement, pompeuse à vos yeux, pour un article inintéressant et dix fois trop long, mais bordel, si on n'ose se lancer et penser que pour les grandes choses, est-ce que ce n'est pas pire au fond ?

     (Cette dernière question rhétorique est une bien piètre justification, et j'en suis consciente. Mais permettez-moi de vous demander pardon pour cet article, et faites-moi la faveur de m'accorder votre clémence, en attendant de futurs articles dont j'espère qu'ils auront plus de matière.)


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  •  Les pauses-café-sans-café, dans ma vie, ça date un peu. Ça date de l'époque où j'ai commencé à écrire, écrire vraiment, la nuit : pendant ces nuits-là que je passais à écrire, à nourrir mon imagination et à refaire le monde, il m'arrivait parfois de me lever subitement, et de m'accouder à la fenêtre, pour regarder la lune et respirer la nuit, le temps d'un café imaginaire — je n'aime pas le café. Et ils me sont restés, ces moments de « Pouce ! On arrête tout, on ne pense à rien, et on regarde le monde ! ».

     Je ne saurais peut-être pas la formuler clairement, cette idée que ce carnet et cette vieille habitude ont tout à voir. Est-ce parce que les réflexions (bouts d'idées, attrapées au vol avant qu'elles ne s'évaporent) que je compte y poster sont principalement issues de ces pauses-café-sans-café ? Ou bien parce que les deux ont en commun de s'émanciper du cours de la vie ? Les deux sans doute — et bien plus encore : on ne cesse jamais de découvrir de nouveaux points communs à des couples intuitifs.

     Pause café ; mais sans café, donc. Lieu de pérégrinations immatures et esquisses de pensée, si jamais j'ose aller au bout de ma démarche, quoi qu'il en soit... Vous voulez un jus d'orange ?


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